Le blog

Médiateur numérique: quelles évolutions d'ici 3 à 5 ans?

C'est la question sur laquelle s'est penché le Service veille, analyse et prospective du Forem qui a réuni pour l'occasion une brochette d'experts issus des structures Technofutur TIC, Media Animation, SP Wallonie, IMAL, Uliège, EPN de Huy et Gilly, COF, CESEP, ADN, Tictactoe et du Forem. Pour eux, les activités d'accompagnement personnalisés et le développement de partenariats (locaux) et/ou d'un réseau de pairs sont appelés à prendre de plus en plus d'importance.

 

 

Un public de plus en plus précarisé

La professionnalisation aussi, qui passe par l'acquisition et la reconnaissance des compétences. L'une des voies de cette reconnaissance pourrait être le référentiel européen DigComp (pour les citoyens) et DigComEdu (pour les enseignants et les formateurs). Le financement de cette professionalisation, et plus largement de la médiation numérique, reste au coeur de la question de l'avenir des EPN. Or tout porte à croire que le financement structurel tant attendu n'est toujours pas à l'ordre du jour des différents niveaux de pouvoirs encadrant leur dispositif. C'est encore et toujours la logique des appels à projets ponctuels qui semble devoir prévaloir, face à un public de plus en plus précarisé socio-économiquement. Avec la rapidité et la diversité de l'évolution technologique, ce sont les deux facteurs qui auront le plus d'impact sur l'évolution du métier de médiateur numérique. '

 

 

Développer des compétences en écoute et accueil

Côté public, cela signifie pouvoir développer des approches multiculturelles, notamment pour l'accueil de primo arrivants, ou encore travailler avec des publics ayant des difficultés pour lire et écrire. Tout le volet communication (non violente) et gestion des émotions deviendra lui aussi de plus en plus important. Cela implique enfin de pouvoir aiguiller les personnes vers les bonnes personnes ressources et les réseaux spécialisé en matière d'assistance sociale, économique et juridique.

 

Education critique aux médias

La rapidité et la diversité de l'évolution des technologies numériques influenceront égalementl e métier de médiateur numérique. Big data, intelligence articificielles et objets connectés vont très rapidement impacter la vie des personnes: vie privée, sécurité, santé,… Permettre au public d'évoluer dans ce contexte indédit en développant sa maturité numérique constitue l'enjeu majeur de la médiation. Le travail d'accompagnement du médiateur s'en trouvera fortement influencé. Il devra notamment maîtriser les techniques de coaching et d'éducation aux médias. Enfin le médiateur devra développer son expertise grâce à une veille, tout en observant une neutralité dans les choix technologiques. Entre évolution technologique et sociétale, le développement des Smart Cities et autres territoires connectés constitue également un facteur d'influence du métier de médiateur numérique. Les espaces de médiation numérique deviendraient alors des relais locaux dont le rôle consistera à permettre l'appropriation des services de la Smart City par la population. Ici, l'enjeu est de confirmer le rôle central des EPN en matière de citoyenneté numérique.

 

Accueillir, accompagner et animer

C'est en 2011 que le Centre de compétences Technofutur TIC a développé un référentiel métier. Il s'articulait sur 3 piliers d'activités: l'animation multimédia comme telle ; les activités d'accompagnement à connotation sociale ou culturelle et les activités liées à la maîtrise technologique. Au coeur du métier donc, la capacité à concevoir et mettre en œuvre des animations multimédia et la nécessité d'entretenir et d'actualiser ses compétences. Plus globalement, il s'agissait aussi d'assurer la gestion et la communication de et autour du projet de l'EPN et d'assurer la maintenance technique du lieu, Il s'agissait enfin de contribuer à l'animation locale du territoire. C'est le même type d'articulation qui a été retenu par les experts qui ont eux aussi identifié 3 pôles d'activités: l'animation de groupe, dont des animations à vocation formative; l'accompagnement de projets individuels et la maîtrise des technologies numériques. Le référentiel retenu s'articule autour de 7 activités. Celle liée à l'ouverture et à l'accueil des publics; l'accompagnement, en ce compris les différentes étapes nécessaires à la mise en place d'une animation de groupe comme l'analyse de la demande et des besoins, la conception d'un programme, la conception des scénarios d'animation, organisation et la conduite des activités d'animation et l'évaluation. Il s'agit encore et toujours de gérer le fonctionnement des lieux, de développer son professionnalisme et son expertise, d'assurer la communication externe des projets et de s'impliquer et de développer l'éco-système local.

Tags : Médiation Numérique

point-culture-1

Remue-Méninges numérique le 24 mai chez PointCulture

Au cours de sa deuxième saison du cycle de conférences « Pour un numérique humain et critique », PointCulture continue à explorer les manières invisibles dont le numérique façonne nos vies en échappant aux radars démocratiques, avec toujours un oeil sur l’émergence de nouveaux communs et ce qui essaie de faire obstacle à cette émergence !

 

Si vous avez aimé ceci, vous aimerez aussi cela...

C’est de cela dont il est question le 24 mai prochain, avec une journée de «Remue Méninges» centrée sur les alternatives numériques non marchandes à une recommandation culturelle de plus en plus commandée par les algorithmes. Pierre Hemptinne, Directeur de la médiation culturelle chez PointCulture: «La place prépondérante des outils numériques produisant du conseil enferme la recommandation culturelle dans un circuit court illustré par la célèbre formule: «Si vous avez aimé ceci, vous aimerez aussi…».

 

La musique colonisée par les algorithmes

C’est le domaine de la musique qui a été le plus vite et le mieux colonisé par les algorithmes. « A une époque nous avons un peu échangé avec Numédiart, autour de notre programme Archipel justement, pour voir si des algorithmes pouvaient contribuer à de la recommandation sur des produits culturels singuliers, atypiques, ou sur base de ressentis humains personnalisés. On n’a abouti à rien. Les algorithmes doivent pouvoir se baser sur des éléments stables, répétitifs, standardisés, identifiable par un ordinateur, calculables. Cela donne des outils géniaux pour certains types de requêtes. Mais ça ne permet pas de tout chercher. »

 

Formatage des goûts

«Après, il y a, je pense, des effets de cercles vicieux qui se mettent en place. On va privilégier des formes esthétiques correspondant à la recherche par algorithmes, ce sera une chance supplémentaire d’être trouvé sur Internet. Comme dommage collatéral, cela contribuera à rendre encore moins désirables les musiques qui échappent aux algorithmes les plus courants. Voici un mécanisme de formatage des goûts, des pulsions, et qui, mine de rien, facilite l’exclusion, le désintérêt pour ce qui est différent. Tous les secteurs pour lesquels l’émotion tient une place importante dans l’impulsion d’achat vont suivre le même sort que celui de la musique. La littérature, les locations de vacances, les restaurants et le gisement immense de la consommation compulsive, asticotée par les big data, les recommandations géolocalisées, en live… Tout ce qui dans la vie ordinaire peut être pris en charge par des robots, et devenir rentable à condition de modéliser les «attentes» des consommateurs. C’est l’intime qui est visé par le marketing qui sait merveilleusement bien exploiter le numérique.»

 

Retours d’expérience

«Il faut au contraire ouvrir le jeu, élargir le champ des expériences culturelles possibles, susciter les bifurcations et les surprises. Dans cet esprit la recommandation culturelle est pensée comme une dynamique qui facilite l’émergence de communs de la culture ». Et pour ce faire, pourquoi ne pas s’appuyer sur le numérique, sur des briques techniques open source qui permettent de produire, partager et transmettre sans formatage ? Mélangeant retours d’expérience (cartographie culturelle, réseaux sociaux à algorithme humain,…) et forum ouvert, la journée du 24 mars, qui sera suivie d’une formation à la rentrée, a pour objectif de réfléchir à la mise en place d'un réseau collaboratif de recommandation culturelle « plus critique et humain » permettant de s'émanciper du pouvoir de recommandation, voire de prescription algorithmique. Comment concevoir un projet centré sur les usages culturels ? Comme mettre les logiciels libres et la géolocalisation au service de la recommandation culturelle ? Quelles sont les contraintes techniques ? Comment mettre en place des techniques ouvertes appuyées par des ateliers destinés à des communautés locales ? Quelles sont les solutions existantes pour s'émanciper des GAFAM grâce à des collectifs d'hébergeurs alternatifs ? Quelle plate-forme numérique pour construire un réseau à dimension humaine ? Quels outils collaboratifs ouverts et fonctionnels pourraient adopter les acteurs culturels ? Autant de questions qui seront sur la table...

Tags : culture numérique - Médiation Numérique - Logiciels Libres

digital-wallonia-1

Plan du Numérique : quelles mesures pour les EPN ?

Dans ses recommandations pour un Plan du numérique de la Wallonie remis en septembre dernier, le Conseil propose 50 mesures concrètes. Avec quels objectifs et priorités pour les EPN ?

 

Premier constat : la continuité avec la mission historique des EPN de réduction de la fracture numérique. Ici, la vision est de «renforcer l’accompagnement à l'usage du numérique, surtout pour les personnes les plus éloignées de celui-ci ». Cette mission d'inclusion numérique va être complétée par d'autres interventions, notamment à destination des jeunes scolarisés. Ils pourraient être touchés de façon ponctuelle : le Conseil évoque la mise en place de 2 semaines numériques par an (durant les « jours blancs » par exemple) où l'on pourrait faire appel à des structures d’intermédiation comme les EPN ou les Creative Hubs. Ou encore des actions de sensibilisation menées dans les écoles pour jongler avec les Game jam, Hackathon et autres FabLab.

 

Pérenniser les EPN

Sur le plus long terme, c'est toute la question de l'intégration de l'éducation aux médias et de l'identité numérique dans l'éducation citoyenne qui est posée. Les EPN pourraient également jouer le rôle de lieux de formation citoyens ainsi que de lieu de relais pour acculturation numérique des mandataires publics, travailleurs sociaux, commerçants locaux. Reste que, depuis plus de 10 ans en Wallonie, les EPN ont fait leurs preuves, «non seulement dans l'éducation numérique des publics plus défavorisés et éloignés des technologies mais aussi en tant que relais social dans la cité pour permettre aux citoyens de comprendre les enjeux de la révolution numérique dont ils peuvent devenir parties prenantes. » En effet continue le Conseil, «Les citoyens, surtout les plus démunis, ont besoin d'être accompagnés dans cette transformation qui touche notre façon d'apprendre, de travailler, de nous déplacer, de nous soigner, d'interagir avec les services publics, d'effectuer les paiements, etc. » Selon les auteurs du plan, il est donc important de prendre les mesures nécessaires afin de pérenniser les EPN, d'étendre leurs actions et d'en assurer la promotion. Cela devrait passer par le renouvellement de la convention d'animation des EPN pour l'année 2016 et suivantes, et par des actions d'impulsion au développement du réseau.

 

Pour un vrai statut stable des travailleurs des EPN

Des actions «à déterminer ». Si donc le flou reste sur la redynamisation des EPN en attente depuis très longtemps de soutiens structurels clairs, l'horizon semble se dégager avec la volonté de promouvoir la reconnaissance professionnelle du métier d'animateur multimédia et de médiateur numérique: «un vrai statut stable pour les animateurs est aussi le garant indispensable de la conservation et de l'évolution de ces expertises au profit du développement social et numérique de notre région. » Dont acte !

Tags : alphabétisation numérique - Médiation Numérique - animateurs multimédia

Les Mo de l'expérience (1) : écrits d'animateurs au travail.

Janvier 2012 : et si l'on en profitait pour réfléchir à ses pratiques professionnelles ? Comment se poser et sortir la tête de l'écran pour réfléchir à son métier, faire le bilan des activités passées, lancer des débats, mettre en ligne des supports, partager des astuces ? L'animateur qui écrit sur ses pratiques professionnelles fournit un matériau précieux pour les collègues et la co-construction d'une identité professionnelle. L'idéal pour prendre le recul nécessaire à l'analyse et développer une dimension critique sur sa façon de travailler.

Cette posture de l'animateur multimédia lui permet de mieux se connaître, savoir quel animateur il est, quelle est sa pédagogie, ses champs d'intervention, ses spécificités à travers l'écriture, bref sa singularité. Transmettre son regard personnel et mutualiser ses savoirs pour que chacun puisse piocher des bonnes idées d'ateliers, des conseils de bidouilleurs, des paroles d'usagers, autrement dit construire ensemble le métier. A l'heure où un référentiel a été publié, les écrits d'animateurs sont une illustration de leur savoir-faire. Pour s'inspirer, découvrons ensemble quelques exemples.

Carole Duguy est animatrice multimédia à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Depuis 2006, elle écrit pour « Vive la Culture numérique ! », portail des EPN de la BM de Lyon. Elle nous donne à voir les multiples activités qui sont organisées au sein de la bibliothèque. Récemment, elle a publié le scénario hyper structuré d'un atelier intitulé "Histoires de pirates : création d'un livre audio par des enfants." C'est une invitation à réaliser à son tour le même genre d'atelier.

Domenico Curcio, compositeur et animateur d'ateliers musicaux, offre une belle vitrine sur http://www.domusic.org/. Il y présente ses activités de formations musicales, ses news, ses supports.  Les titres de ses ateliers sont vivants et ludiques : « Donne-vie à ta BD !» ou « Fabrique-moi un tambour, que je te joue du violon !» Il donne vraiment envie d'y assister ! Ces ateliers menés dans les EPN de Tubize et Malmédy sont illustrés par de nombreuses photos et enrichis par des articles associés. Il donne également des conseils pour s'équiper en matériel audio et réussir son atelier.

Julien Devriendt est coordinateur d'EPN et responsable multimédia à la médiathèque François Mitterrand (Ville des Ulis, France). Sa page web s'ouvre avec un personnage pixellisé qui nous salue d' un « Hello Word » et renvoie à d'autres ressources comme son blog, ses présentations en ligne, ses photos et  trouvailles sur son compte twitter @julanimtic.

L'excellent blog de Loïc Gervais, coordinateur des EPN à Thonon-les-Bains (France) : associe un travail de réflexion, de ressources, de supports sur la médiation numérique (ce qui le questionne, l'amuse ou l'irrite) : http://mediateurnumerique.org/ Il a écrit un article d'actualité : « de l'animateur multimédia au médiateur numérique ». Veilleur invétéré, il a mis en place plusieurs revues de presse sur Scoopit dont une qui concerne le médiateur numérique.

Yann Vandeputte, coordinateur et formateur de l'espace public numérique Relais (Paris 12ème), anime un blog complémentaire au site officiel de l'EPN. Cet espace de communication lui permet de cibler son discours sur l'actualité de l'EPN enrichi d'une veille sur le numérique, comme par exemple les meilleurs mémos et tutos repérés et un article que je vous recommande qui met en regard le profil d'animateur à celui de coordinateur d'EPN.

Toutes ces expériences racontées sont des sortes de cartes de visites augmentées. Le web devient un laboratoire de la médiation numérique. Il donne à voir ce qui se tisse, se prépare, s'élabore dans les EPN.

Au fil des articles, d'autres écritures seront à explorer. A suivre...

Tags : écriture - Médiation Numérique - métier