Le blog

La Bataille du Libre le 25 avril à Bruxelles

Pour la quatrième édition d’Associalibre, l’Association BELge de promotion du LIbre organise une soirée ciné débat émaillée d’ateliers et de présentations de solutions numériques mixant robustesse et éthique. Par delà la fiabilité des outils, il s’agit d’oeuvrer à une culture numérique libre et de promouvoir la solidarité numérique citoyenne.

 

A l’ISIB à partir de 17 heures

C’est à nouveau dans les locaux de l’ISIB qu’Abelli organise son événement annuel Associalibre. En marge de la projection du film La Bataille du Libre (18h00), la fin d’après-midi et la soirée (seront l’occasion d’un coup de projecteur sur des initiatives et associations libristes aux noms exotiques : Nubo, Cassiopea, Neutrinet, DigitalAll Belgium, Noalyss, Contributopia ou Cassiopera.

 

Les outils numériques ont des valeurs

Abelli est née en 2013 de la volonté d’organiser les Rencontres Mondiales des Logiciels à Bruxelles. Lorsqu’il s’est agi, une fois celles-ci terminées, de liquider l'ASBL, ses membres militants ont décidé de poursuivre l’aventure. Son objectif est double: réunir les différentes associations militant pour le logiciel libre en une seule force et créer un espace de rencontre et d’échange privilégié entre la communauté du libre et le secteur associatif. Frederic Collignon, Co-administrateur Abelli, animateur au Brussels GNU/Linux User Group "Pour nous, il est important que le secteur non marchand et le monde de l’économie solidaire sachent qu’il existe des outils informatiques fonctionnels et congruents, qui vont dans le sens de ce qu’elles ont comme objet social: la promotion de la solidarité, le partage, le développement de biens communs. A nos yeux, utiliser Facebook ou Microsoft n’est pas congruent. Dans le mode du logiciel libre, et contrairement à ce que le nom laisse suggérer, ce n’est pas le logiciel qui est libre, mais bien son utilisateur"

 

Passerelle entre les geeks et les associations

Agnez Bewer, militante Abelli, co-fondatrice de Nubo.coop, membre de Creative Common Belgium: "On s’est donné comme tâche de faire le lien entre les geeks et les utilisateurs. Cela peut être les associations comme le grand public. On veut expliquer, vulgariser et présenter des solutions fonctionnelles. Abelli est en contact avec Nurpa, Cassiopea, Neutrinet et le BXLug. Nous jouons le rôle de relais avec des associations comme Framasoft ou Open Atlas ou des initiatives comme les CHATONS ou Communecter"

 

Nubo, une coopérative citoyenne pour du numérique éthique

Le réseau des CHATONS a été initié en France par Framasoft. Les organisations réunies au sein ce Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires fonctionnent selon le modèle d'un Internet décentralisé où les données sont hébergées chez un hébergeur de confiance. Depuis ce mois de mars, ce service est proposé par la coopérative Nubo.coop.

Agnes Bewer: "Nubo est une coopérative de citoyens visant à fournir des services numériques éthiques et respectueux de la vie privée, le tout dans un cadre économiquement pérenne.On ouvre un compte pour un abonnement de base de 5 giga à 2,50 € par mois, avec lequel on peut créer autant d’utilisateurs qu’on souhaite. Un compte inclut : e-mail, carnet d’adresses,calendrier, stockage et partage de fichiers, albums de photos, travail collaboratif en ligne, sondages, vidéo-conférence et gestionnaire de mot de passe"

 

DigitAll Belgium : Think tank citoyen et associatif

Hébergement, messagerie et cloud alternatives, boîtier de cryptage, comptabilité, bureautique et outils collaboratifs libres : à côté des outils techniques, la soirée du 25 avril sera également un lieu d’échange sur les enjeux et la dimension politique du libre, avec des inititiatives comme DigitAll Belgium, un collectif d’associations et d’acteurs militants pour un numérique inclusif. Nicolas Marion, chargé de recherche à l’ARC et membre fondateur de DigitAll Belgium : "DigitALL Belgium est un think tank, citoyen et associatif, centré sur les enjeux et les évolutions numériques en Belgique. Nous opérons une analyse critique des politiques de digitalisation belges afin d’y pointer les manquements en termes d’impacts sociaux, économiques, culturels et environnementaux. Nous militons pour un numérique inclusif, représentatif, pensé et choisi par tous et nous pas seulement réfléchit avec les seules entreprises privées du marché numérique et digital. "

 

Pour des algorithmes publics

Il y aussi, dans un contexte pré-électoral, une volonté d’interpeller le monde politique, les pouvoirs publics et le secteur associatif. Marc Van Craesbeeck, co-administrateur d’Abelli et Président du BxLUG: "A l’occasion des élections, nous demandons aux politiques de se positionner par rapport aux enjeux de démocratie, de transparence et d’autodétermination numérique. Nous leur demandons de soutenir de façon effective l’utilisation des logiciels libres au sein des administrations et des pouvoirs publics. En écho à la campagne "Public Money, Public Code" de la Free Software Foundation Europe, nous demandons que l’argent public investi dans le numérique soit conditionné à l’utilisation d’algorithmes publics. Nous appelons également les associations à se à se tourner vers des outils numériques alternatifs respectueux des libertés numériques et du bien commun".

Tags : citoyenneté - culture numérique - Logiciels Libres

Le KIKK MARKET 2018

 

 

La volonté du KIKK Festival est de mélanger les domaines, les genres et les générations. D’où la diversité des activités proposées : exposition d’art numérique, marché des innovations, conférences, ateliers pratiques, performances, soirées festives et musicales. Le KIKK Market est l’occasion de repérer des activités pour petits et grands, découvrir des projets, rencontrer des acteurs incontournables de Belgique et d’ailleurs. Là j’ai pu tester un simulateur de vol, fabriquer ma propre enceinte Bluetooth, faire du parapente sans quitter la Place d'Armes, récupérer mon portrait en ASCII… J’en suis repartie avec un escargot de Namur et une foule d’idées à mettre en œuvre.

 

Des FabLabs à investir…

Les laboratoires de fabrication sont devenus des lieux incontournables pour prototyper et créer des objets, seul ou en équipe. Petit tour d’horizon de ces espaces où des passionnés d'informatique, de technologie, de sciences et d’arts, se rencontrent et élaborent des projets à partager.

C’est sur le stand du FabLab Leuven que des enfants s’affairent à créer leur escargot de Namur en 3D à l’aide d’un panneau de carton prédécoupé. Précisons que ce FabLab est membre du projet “STEM at school” et installe de mini-FabLabs dans les écoles.  Cet espace “open source hardware” accueille également les étudiants et le grand public pour travailler le bois, le papier ou le plastique à travers la mise à disposition d’outils : découpeuse laser, imprimante 3D, plotter de découpe...

Le hackerspace de Namur, auquel le blog a déjà consacré un article, proposait une autre activité dédiée aux enfants : souder des composants pour créer sa veilleuse de nuit.

Le hackerspace de Liège avait quant à lui mis à l’honneur une cabine de photomaton bien particulière : l’ASCIIMaton. Cette machine singulière tire votre portrait en ASCII Art, une pratique qui consiste à réaliser des images uniquement à partir de caractères alphanumériques. Le portrait est imprimé sur une ancienne imprimante matricielle, ancêtre des années 80 qui est le chaînon manquant entre l’obsolète machine à écrire et les imprimantes à jet d’encre d’aujourd’hui. Le projet mêle anciennes et nouvelles technologies et permet au visiteur de repartir avec un portrait original, tout en posant un regard tendre sur ces machines désuètes. Pour retrouver toute la documentation des projets, un wiki est à votre disposition.

Le Relab de Liège proposait un atelier BoomBox pour construire une magnifique enceinte bluetooth en bois ! Idcampus/Relab est une ASBL active dans le milieu de la créativité et l’innovation mais également dans le prétotypage et le prototypage d’idée. 

Des projets innovants à découvrir…

Pas besoin d'outils, pas besoin de programmation et pas besoin de connaissances particulières.Comme son nom l’indique en anglais, Electric Paint est une peinture électrique, c’est-à-dire un matériau qui rend toute surface, tout objet que vous peindrez, électriquement conducteur. Tout objet, toute surface peut ainsi devenir capteur, et si vous le reliez à un Touchboard (via des pinces crocodile par exemple), vous avez la possibilité de déclencher un output, un événement sonore, lumineux, etc. par simple contact. Ainsi, une simple feuille de papier peut se transformer en lampe tactile grâce à l’Electric Paint Lamp Kit. D’autres kits de développement sont disponibles sur le site de Bare Conductive.

Dans le même esprit, Kutì Kutì crée des supports pédagogiques amusants et développe une gamme de produits ludiques, manipulables et évolutifs adaptés à tous les âges, comme par exemple une lampe modulable à assembler et personnaliser au gré de vos envies. Kutì Kutì réserve d’autres surprises comme des cartes postales et des posters à trous, à partager, compléter et customiser…

Du carnet à l’écran, il n’y a qu’un pas… Le petit robot Line-Us venu de Londres passe du dessin numérique au dessin papier avec une facilité déconcertante. Il suffit de dessiner sur l’application avec votre doigt, souris ou stylet, et ce petit bras robotisé se charge de reproduire en temps réel les tracés de votre main. Crayon, feutre, plume ou pinceau… Vous pouvez lui confier n’importe lequel de vos outils !

Le laboratoire de recherche en arts et sciences de Bruxelles présentait AMuSING, une application mobile permettant de créer de la musique sur base de formes géométriques modulables.

Des activités d’éducation critique à parcourir…

Les équipes populaires étaient au rendez-vous pour lancer une campagne de sensibilisation sur les données personnelles intitulée « Surfez couverts ! Comment limiter ses traces sur Internet ». Sur leur site, vous retrouverez leurs publications et outils pédagogiques pour contribuer à la réflexion critique d’une société numérique. C’est l’occasion aussi de découvrir leur agenda et celui des Cryptos Partys. Si vous êtes du genre discret et que vous souhaitez limiter votre traçabilité sur Google et les réseaux sociaux, venez donc participer à cet événement sans débourser un centime. Vous y appren­­­­­­­­­­­drez à cryp­­­­­­­­­­­ter vos données, comprendrez enfin ce qu’est exactement un cookie et une adresse IP, découvrirez des moteurs de recherche alternatifs à Google, et saurez comment les annon­­­­­­­­­­­ceurs publi­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­taires arrivent à vous géolo­­­­­­­­­­­ca­­­­­­­­­­­li­­­­­­­­­­­ser même quand le bouton GPS de votre smart­­­­­­­­­­­phone est désac­­­­­­­­­­­ti­­­­­­­­­­­vé…  Vous pour­­­­­­­­­­­rez égale­­­­­­­­­­­ment donner votre avis en parti­­­­­­­­­­­ci­­­­­­­­­­­pant aux tables de conver­­­­­­­­­­­sa­­­­­­­­­­­tion théma­­­­­­­­­­­tiques. Les échanges s’annoncent riches et prometteurs !

Que ce soit pour créer des passerelles entre FabLabs et Epn, créer un FabLab dans un EPN, animer des ateliers autour des données personnelles ou faire découvrir des outils de création innovants, le KIKK market est une ressource indispensable à mettre dans vos tablettes !

 

Tags : culture numérique

image_kikk-1

"Au-delà de l'espèce" avec le KIKK Festival

C'est du 1er au 4 novembre 2019 que s'est déroulée la huitième édition du Kikk festival à Namur, un événement gratuit consacré aux cultures numériques et créatives. Cette année la thématique était consacrée à l'influence de l'humain et des technologies sur la planète, la fragilité de ses écosystèmes, mais d'une manière positive, a annoncé la programmatrice Marie du Chastel. Ainsi au programme 50 conférences et 25 artistes pour défaire nos visions anthropocentriques du monde en déplaçant les points de vue.

Grande nouveauté 2018, le « Kikk in Town » s’étendait au cœur du centre-ville, avec 20 créations installées dans des lieux insolites et un parcours unique en réalité augmentée. Munis d’un plan pour découvrir les œuvres dans la ville, les visiteurs ont pu explorer les frontières entre le vivant et le non-vivant, la vie artificielle, les écosystèmes interactifs et les créatures hybrides… Comme l’installation « Edge of chaos » de Vasilija Abramovic et Ruairi Glynn, paysage aux formes complexes qui réagit à l’approche des visiteurs ou bien encore les timides fleurs de Miranda Moss qui se recroquevillent face au bruit et ne se remettront à fleurir que lorsque le silence se fera. 

De la contemplation…

La programmation artistique du Kikk mélange les styles, les disciplines, les ambiances laissant place à tous les imaginaires... A la galerie du Beffroi, les Microscopies d’Alain Wergifosse explore les limites du visible et de l’audible avec onirisme et poésie. A travers ses installations immersives, l’artiste nous plonge au cœur des formes surprenantes et des textures hypnotiques de la nature. Ses lentes microscopies vidéos jouent sur les contrastes et rapprochements entre images réelles et inventées. Dans un même temps ralenti, à la Cathédrale Saint-Aubin, la sculpture vidéo du studio berlinois Pfadfinderei, fait fondre l’écran et le contenu. Une image de madone se transforme cycliquement en gradients abstraits, puis à nouveau en image perceptible.  Cette piéta de leds pixellisée en dégradé de bleus nous questionne sur le passage de l’image abstraite à la figuration et fait le pont entre figure classique et art contemporain. Immersions sensibles, contemplatives, les sculptures de data et projections de lumière intitulées Melting Memories de Refik Anadol, nous font découvrir les mouvements moteurs à l’intérieur d’un cerveau humain. Ces collaborations arts-sciences questionnent la place de l’homme dans l’univers, ses usages et ses modes de production. Les objets vivants et non-vivants fascinent et inquiètent comme l’installation sonore de Cod.Act intitulé Ver de terre IITon/2. Mis en mouvement par des moteurs répartis à l’intérieur de son corps, cet anneau flexible se tord, ondule et se déplace de manière naturelle et imprévisible. Un long boyau en caoutchouc refermé sur lui-même est animé de contorsions et d’ondulations semblables à celles d’un organisme invertébré. Encerclé par un groupe de personnages muets mais équipés d’haut-parleurs, la créature semble vainement tenter de se libérer de cette présence inquiétante.

… à l’interaction visuelle et sonore

Tele-present Wind de David Bowen se compose d’une série de 126 dispositifs mécaniques de basculement reliés à de minces tiges de plantes séchées qui sont connectées en temps réel à une branche située de l’autre côté de l’Atlantique aux Etats-Unis, sur laquelle se trouve un capteur. Quand le vent souffle à Duluth dans le Minnesota, les tiges des fleurs séchées oscillent au même rythme à Namur.

L’installation On Random Walks de Franziska Windisch porte sur la façon dont les nœuds contribuent à la compréhension de l’espace et du mouvement. Un ensemble de plateaux de laiton vibre sous l’action de fréquences infra soniques, diffusées par des hauts-parleurs de graves. La fréquence déclenche, de manière imprévisible, le mouvement d’une chaîne de perles, déposées sur chaque plateau.

A l’église Notre-Dame d’Harscamp, SMing du studio Superbe est un dispositif musical interactif offrant aux visiteurs la possibilité d'être à la fois chef d'orchestre et chœur entier. Une seule note émise par le son de sa voix (et la vidéo) suffit pour se retrouver face à une chorale de clones. Il reste ensuite à s’emparer de la baguette connectée pour diriger l'orchestre allant de la soprane au baryton. Déterminée par les mouvements et le ton de la voix enregistrée, la musique est inspirée par les suites d'accords de grands compositeurs pour interpréter une symphonie plus ou moins harmonieuse. Le titre de l'oeuvre évoque ce principe actif-passif par les deux majuscules S (position sadique) et M (position masochiste) associées au signifiant "sing", chanter et faire chanter, se faire chanter explique Gaétan Libertiaux, qui a imaginé la pièce avec Gaël Bertrand, ingénieur en électronique. Dans ce projet, l’individu (l’indivisé) se confronte à sa dimension fragmentaire, multipliée et divisée. » « Pouvons-nous sans fin nous échantillonner et réinventer les profils de nos vies, réinterpréter une œuvre tout en étant la matière et le pilote, le sujet et l’objet ?, questionne l’auteur, formé à la psychanalyse. Etre un autre pour soi-même est fondamental et indispensable à l’avènement de notre condition de sujet créateur. Cette dissociation est une condition préalable à notre désir, moteur de notre potentiel créatif, quand la musique est certainement ce qui nous lie le plus intimement à la nature, et à sa fonction créatrice. »

Un parcours augmenté !

Les visiteurs ont pu également, à l’aide d’un GSM, faire surgir toutes sortes d’organismes sur les façades de la ville avec les œuvres d' Amelie Rosser, d’Edan Kwan, de Matt DesLauriers pour n'en citer que quelques uns. Les rues deviennent alors un musée d’explorations, un exemple avec Bruno Simon.

Pour retrouver les vidéos du Kikk, il suffit de s’abonner à : https://vimeo.com/kikkfestival

De suivre la page des actualités sur : https://www.facebook.com/KIKK.Festival/

Et de télécharger le Kingkong creative cultures magazine : https://galaxy.kikk.be/fr/projets/kingkong

Le KIKK est l’occasion rêvée pour les EPN de découvrir les artistes d’aujourd’hui et de s’emparer des sujets de société qui traversent les technologies, le design et la communication. Pour prolonger sa visite, voici des ressources pour organiser des ateliers de découvertes :

Alors, rendez-vous à la prochaine édition du KIKK Festival du 31 octobre au 4 novembre 2019 ?

 

 

Tags : culture numérique

Derrière PageRank & EdgeRank

Pour la chercheuse de l'UCAM, la plupart des utilisateurs ne sont pas conscients des mécanismes et des effets recherchés par des algorihtmes comme PageRank & EdgeRank. Très peu de personnes savent ainsi que c'est seulement une infime partie des publications publiées par un membre du réseau Facebook qui apparaît sur le fil d'actualité de ses amis : entre 5 à 7 % en raison des tris et classements opérés. Mélanie Millette: "Facebook a ainsi confié à son algorithme la responmabilité de limiter la portée des publications de ses membres.  Ses deux premiers critères de sélection sont le potentiel initial de "buzz" (si le message  est beaucoup liké, partagé ou commenté, l’algorithme va en accroître la diffusion), ou le côté payant d'informations sponsorisées."

 

PageRank : tapis rouge pour les grandes marques

PageRank, du nom de son créateur Larry Page, a été programmé pour diriger le moteur de recherche de Google en 1998. Si les formules et les variables qui le composent ne sont pas publiques, il fait depuis toujours l'objet de nombreuses analyses, notamment des agences de référencement. En 2005, l'introduction de la fonctionnalité de recherche personnalisée a définitivement assis le succès du moteur de recherche en permettant d'afficher des résultats qui prennent en compte les préférences et recherches passées des utilisateurs, les renvoyant dans un univers de plus en plus familier. En 2008, Google a introduit la fonction de suggestion qui affiche en temps réel, dans la zone de recherche, des suggestions de recherches à partir de celles déjà réalisées par d'autres utilisateurs du moteur de recherche. L'année suivante, une important mise à jour ouvrait la porte à la différenciation du poids des contenus en fonction de l'importance économique de son producteur. Vince, c'est le nom de la variable, déroulait le tapis rouge pour les grandes marques.

 

L'émergence du mobile

La recherche en temps réel date de 2009, la prise en compte des posts sur réseaux sociaux de 2010. Un an plus tard, une variable donnait plus d'importance au site produisant régulièrement des contenus «frais». En 2013, ce sont les contenus plus long, les articles de fonds qui seront mieux pris en compte. PageRank prendra encore au fut et à mesure des mises à jours les indices de recherche locale (quand on cherche un commerce dans sa ville par exemple) ou encore les sites «responsive» c'est à dire adaptés aux smartphones et tablettes.

 

Facebook : une ligne éditoriale basée sur le poids et l'argent

L'algorithme de Facebook s'appelle EdgeRank. Mélanie Millette : "L'un de ses principes de base est l'homophilie des réseaux. Prenons la variable «Affinité». Elle est calculée en fonction des pages que vous aimez et des contenus que vous partagez. L'algorithme va comparer votre profil avec celui des gens avec qui vous interagissez. Plus les profils seront similaires, plus la chance sera grande de voir apparaître les contenus sur le fil d'actualité. La variable «Poids» calcule la performance de la publication : le nombre de mentions j'aime, le nombre de clics pour agrandir le contenu, le temps passé sur l'info, les performances passées, le nombre de partages... Facebook prend également en compte et privilégie les contenus récents et, qui s'en étonnera, accorde de plus en plus de poids aux pages sponsorisées."

 

Maîtriser et préserver sa vie numérique

Face à ce qui ressemble de plus en plus à une logique d'impéralisme numérique de majors américains, Mélanie Millette  insiste sur l'importance de la prise de conscience de ce qui se joue dans les réseaux sociaux  afin de pouvoir récupérer une certaine maîtrise dans la conduite et la préservation de sa vie numérique. Comme l'explique la chercheuse, des gestes simples, des contrôles de ce que les médias sociaux savent de nous sont tout à fait possibles via des outils comme la fonction «Mon compte» de Google ou le profil publicitaire de Facebook. On peut bloquer les publicités, effacer régulièrement les cookies, multiplier les pseudos, bref, on peut dérouter les algorithmes. On peut aussi s'immerger dans les suites alternatives, campagnes Framasoft et autres moteurs DuckDuckCo. Cela n'enlève rien à la nécessité et à l'urgence de militer pour une plus grande transparence des algorithmes qui conditionnent et cadrent en temps réel l'accès aux informations et qui président de plus en plus aux décisions qui sont prises à notre égard. Si la transparence est nécessaire, elle n'est pas suffisante. Il faut aussi donner plus de contrôle au citoyen sur ce qui est fait de ses données, sur la manière dont elles sont collectés, traitées et commercialisées. Le nouveau règlement européen général relatif à la protection de données à caractère personnel (RGPD), qui entrera en vigueur en mars de l'année prochaine, est en ce sens un bon pas en avant. Et l'on suivra avec beaucoup d'attention la suite qui sera donnée au procès qui oppose la Commission Belge de la Vie Privée à Facebook sur ce sujet.

Tags : culture numérique - citoyenneté - vie-privée

point-culture-1

Remue-Méninges numérique le 24 mai chez PointCulture

Au cours de sa deuxième saison du cycle de conférences « Pour un numérique humain et critique », PointCulture continue à explorer les manières invisibles dont le numérique façonne nos vies en échappant aux radars démocratiques, avec toujours un oeil sur l’émergence de nouveaux communs et ce qui essaie de faire obstacle à cette émergence !

 

Si vous avez aimé ceci, vous aimerez aussi cela...

C’est de cela dont il est question le 24 mai prochain, avec une journée de «Remue Méninges» centrée sur les alternatives numériques non marchandes à une recommandation culturelle de plus en plus commandée par les algorithmes. Pierre Hemptinne, Directeur de la médiation culturelle chez PointCulture: «La place prépondérante des outils numériques produisant du conseil enferme la recommandation culturelle dans un circuit court illustré par la célèbre formule: «Si vous avez aimé ceci, vous aimerez aussi…».

 

La musique colonisée par les algorithmes

C’est le domaine de la musique qui a été le plus vite et le mieux colonisé par les algorithmes. « A une époque nous avons un peu échangé avec Numédiart, autour de notre programme Archipel justement, pour voir si des algorithmes pouvaient contribuer à de la recommandation sur des produits culturels singuliers, atypiques, ou sur base de ressentis humains personnalisés. On n’a abouti à rien. Les algorithmes doivent pouvoir se baser sur des éléments stables, répétitifs, standardisés, identifiable par un ordinateur, calculables. Cela donne des outils géniaux pour certains types de requêtes. Mais ça ne permet pas de tout chercher. »

 

Formatage des goûts

«Après, il y a, je pense, des effets de cercles vicieux qui se mettent en place. On va privilégier des formes esthétiques correspondant à la recherche par algorithmes, ce sera une chance supplémentaire d’être trouvé sur Internet. Comme dommage collatéral, cela contribuera à rendre encore moins désirables les musiques qui échappent aux algorithmes les plus courants. Voici un mécanisme de formatage des goûts, des pulsions, et qui, mine de rien, facilite l’exclusion, le désintérêt pour ce qui est différent. Tous les secteurs pour lesquels l’émotion tient une place importante dans l’impulsion d’achat vont suivre le même sort que celui de la musique. La littérature, les locations de vacances, les restaurants et le gisement immense de la consommation compulsive, asticotée par les big data, les recommandations géolocalisées, en live… Tout ce qui dans la vie ordinaire peut être pris en charge par des robots, et devenir rentable à condition de modéliser les «attentes» des consommateurs. C’est l’intime qui est visé par le marketing qui sait merveilleusement bien exploiter le numérique.»

 

Retours d’expérience

«Il faut au contraire ouvrir le jeu, élargir le champ des expériences culturelles possibles, susciter les bifurcations et les surprises. Dans cet esprit la recommandation culturelle est pensée comme une dynamique qui facilite l’émergence de communs de la culture ». Et pour ce faire, pourquoi ne pas s’appuyer sur le numérique, sur des briques techniques open source qui permettent de produire, partager et transmettre sans formatage ? Mélangeant retours d’expérience (cartographie culturelle, réseaux sociaux à algorithme humain,…) et forum ouvert, la journée du 24 mars, qui sera suivie d’une formation à la rentrée, a pour objectif de réfléchir à la mise en place d'un réseau collaboratif de recommandation culturelle « plus critique et humain » permettant de s'émanciper du pouvoir de recommandation, voire de prescription algorithmique. Comment concevoir un projet centré sur les usages culturels ? Comme mettre les logiciels libres et la géolocalisation au service de la recommandation culturelle ? Quelles sont les contraintes techniques ? Comment mettre en place des techniques ouvertes appuyées par des ateliers destinés à des communautés locales ? Quelles sont les solutions existantes pour s'émanciper des GAFAM grâce à des collectifs d'hébergeurs alternatifs ? Quelle plate-forme numérique pour construire un réseau à dimension humaine ? Quels outils collaboratifs ouverts et fonctionnels pourraient adopter les acteurs culturels ? Autant de questions qui seront sur la table...

Tags : culture numérique - Médiation Numérique - Logiciels Libres

cycle-numerique-ii_crop_750x3201-1

Internet, entre construction des communs et machine à rumeurs

C'était l'intitulé de la conférence d'Hervé Crosnier organisée par Point Culture le 21 février dernier. On a beaucoup parlé des dérives d'un Internet en proie à l'hyperpuissance d'algorithmes qui cherche à nous imposer un mode de consommer et de penser sur base des traces numériques que l'on laisse un peu partout sur Internet.  Il y a toute l'intrusion d'Internet dans les données et la vie privée de personnes scannées et géolocalisées en permanence, matraquées par les fameuses «nouvelles alternatives » (conferatur les Fake news popularisées par George Orwell et Donald Trump).  Mais Internet est également un éco-système permettant de démultiplier les collaborations, de créer ensemble, de construire ce qu'Hervé Crosnier appelle des communs.


Décrypter et co-produire
Les exemples positifs ne manquent pas, depuis les nouvelles pratiques culturelles de groupes (booktubing, écriture ouverte, fansubbing, machinima, modding) jusqu'à la construction d'outils techniques permettant l'indépendance des usagers face aux grandes plates-formes de surveillance généralisées : logiciels libres, médias ouverts, sites de pétition en ligne, agendas partagés. Hervé Crosnier donne un cadre à cette ambition. Il s'agit de décrypter, de (co)produire, de publier et de diffuser, d'être attentif à privilégier et travailler à ce qui nous rassemble plutôt qu'à ce qui nous divise.  Sortir des réseaux de la haine, des émotions collectives et des discours sans fondement pour favoriser le partage des savoirs et du vivre ensemble. Etre sujet plutôt qu'objet sur le réseau, cela passe notamment, comme le souligne l'enseignant chercheur de l'Université de Caen Basse Normandie, par savoir ce qui se passe derrière le capot.


Décoder le code
Est-ce qu'on peut, s'interroge-t-il, être un citoyen éclairé du Xx1ème siècle sans jamais avoir compris ce qu'était un code informatique, un programme conçu par des humains avec des paramètres, des effets concrets ? «Comme on est de plus en plus piloté par des algorithmes, sur Facebook, Google et le reste, comprendre qu'il y a une décision derrière est un élément important. » Mais cela n'est pas tout. Il faut dépasser le seul niveau technique pour développer une réflexion sur l'éthique, la responsabilité et la culture du numérique et travailler à (re)constuire un réseau d'échanges horizontaux, équitable et équilibré, géré par ses usagers, permettant le partage des savoirs.


Des logiciels libres aux fabriques de communs
On pourra pour se faire s'appuyer, pointe Hervé Crosnier, sur de nouveaux mouvements sociaux spécifiques du numérique, qui développent en commun des approches de l'internet et de ses usages pour le partage équitable des savoirs comme la Quadrature du Net, les Anonymous ou les altermondialistes numériques. Il s'agit dans la foulée, comme l'explique l'enseignant sur son blog Mediapart de «Travailler à l’empowerment politique des acteurs des communs de la connaissance, en leur donnant les moyens de diffuser leurs discours et revendications de partage égalitaire et de création collective en direction des autres mouvements sociaux». C'est pour lui une une tâche essentielle pour reconstruire une société civile globale. « Il s’agit de tisser une nouvelle alliance entre expériences historiques et capacités de mobilisation et d'interprétation du monde, issues des pratiques de l'ère numérique. La question des logiciels libres a été le premier support d’une telle réflexions qu'il faut aujourd'hui prolonger par des « fabriques à commun ». La prochaine conférence du cycle de Point Culture accueillera le 21 mars prochain Jean Lassègue autour de «L'informatique comme dernière étape dans l'histoire de l'écriture en occident »

Tags : culture numérique - Logiciels Libres

kikk-page-14_117-1

Namur au cœur des Interférences (KIKK)

Le KIKK Festival : est un événement international à la croisée de la technologie, des arts visuels, de la musique, de l'architecture, du design et des médias interactifs.... Depuis 6 ans, ce festival des cultures numériques s’installe à Namur et accueille plus de 5 000 participants venus de 49 pays différents. En novembre 2016, il était placé sous le signe des « Interférences » ; l’occasion de découvrir un éventail de technologies et d’artistes issus de nombreuses disciplines.

 

Avant même de démarrer le parcours in situ, le graphisme du site du KIKK 2016 émerveille : une bulle irisée, une boule de cristal liquide nous fait voyager dans les méandres de l’imaginaire. On  pourrait s’attendre à ce qu’un tel événement ne soit réservé qu’à un public exigeant et connaisseur. Pourtant, ce festival des cultures numériques et créatives, pointu du point de vue technologique, se révèle aussi grand public, accessible et ludique car il touche à notre quotidien. Son objectif est simple : nous inspirer, nous accompagner dans une exploration des possibles, faire vibrer nos ondes et cordes sensibles, réveiller nos sens et plonger dans des univers insolites et décalés. Pari réussi puisque nous y avons fait de belles découvertes digitales et reçu de nombreux chocs visuels dans des lieux qui se répondent à la frontière entre art, économie et sciences.

 

Le KIKK Market

Sous un chapiteau de 500 mètres carrés, ce marché aux innovations donne à voir un éventail de projets comme celui de Food-printing où une imprimante 3D à chocolat est proposée par la Smart Gastronomy Lab de Gembloux pour réinventer l’art culinaire de demain, ou celui de la société Timmpi avec Subpac qui nous fait ressentir la musique dans le corps par vibrations rien qu’en enfilant un sac à dos futuriste,  ou encore le canoë pliable Onak venu de Belgique, aux allures d’Origami qui se plie, se déploie et se replie avec une facilité déconcertante. Dans cet espace de démonstrations, on trouve des jeux de construction en bois associés à de la réalité augmentée, des drones, des interfaces pour manipuler la musique à la manière d’un chef d’orchestre digne de Harry Potter. C’est donc l ‘occasion rêvée pour rencontrer les nombreuses startups qui présentent leurs produits et nous permettent d’imaginer les usages de demain dans les EPN.

 

Le Little KIKK Festival est l’espace dédié aux enfants entre 6 et 12 ans qui leur permet de découvrir des technologies nouvelles tout en s’amusant. Un véritable bac à sable numérique avec des projections interactives pour danser, des combats de robots, des animations avec l’ASBL Action Médias jeunes qui initie petits et grands à la magie du Cinémagraph et du GIF (voir toutes les réalisations sur : http://kikk-cinemagif.tumblr.com/)

 

En plus d’une superbe exposition,  d’ateliers pour mettre la main à la pâte et comprendre les différentes étapes d’un processus créatif, des conférences ont permis à de prestigieux invités (artistes, designers, développeurs, chercheurs…) de nous faire découvrir leur parcours.

 

Voici une sélection de petits miracles pixellisés pour enchanter le  réel où le dialogue avec les technologies et l’imaginaire des artistes fait exister des espaces invisibles. Dans tous les projets présentés, les capteurs et logiciels n’ont aucune imagination : la plupart utilisent des outils artisanaux, des technologies low-cost et c’est l’humain qui est placé au cœur de la démarche pour créer des interactions sensibles entre le numérique, la danse, le dessin, le livre, le design, la typographie… C’est la puissance d’évocation du numérique qui permet de créer ces images et de rendre visible l’invisible.

 

Adrien M. et Claire B.

Le mouvement de l’air : https://www.youtube.com/watch?v=xsskbGYq7lc

Une rencontre toute en poésie de la danse et des arts numériques. Quand la lumière rencontre la matière et que les images deviennent les partenaires de jeux des danseurs. L’algorithme se transforme en personnage pour évoluer dans l’espace en temps réel.

La neige n’a pas de sens : https://vimeo.com/161944781

Leur dernière création est un livre où la page est imaginée comme le plateau des spectateurs. Des œuvres en réalité augmentée introduisent le mouvement dans leur monographie consacrée à leur processus de création.

 

Joanie Lemercier

Nimbes : https://vimeo.com/111997965

Le travail de Joanie Lemercier s’inspire de l’observation de la nature, de l’utilisation de la lumière pour augmenter le dessin et d’algorithmes pour générer des paysages à l’infini.

 

Gaël Hugo

Ce designer interactif suisse est un être hybride qui mêle mathématiques, art, design, design graphique, design de production, scénographie, imprimé et enseignement pour créer une discipline fédératrice.

L’agence One more Studio : http://www.onemore-studio.com/?project_id=154

 

Akufen

Un studio de création canadien pas comme les autres qui mène des projets documentaires interactifs comme le Journal d’une insomnie collective où l’internaute a un rôle à jouer dans l’histoire. Il développe aussi des sites décalés comme Dada Data, projet digital fait d’exercices Dada interactifs en rafale, d’un anti-musée web et d’un Dada-Block pour remplacer les pubs par des œuvres d’art : http://dada-data.net/fr/block

Et le carte de Noël la plus cool est décernée à…? http://www.danstapub.com/la-grande-branlette-de-noel-une-competition-interactive-entre-agence/

 

Superscript2

Superscript au carré est un studio de création graphique touche-à-tout : de l’édition à la typographie, des médias numériques à la communication visuelle. Pour l’édition 2016, les deux comparses Pierre Delmas Bouly et Patrick Lallemand ont présenté brillamment leurs meilleurs projets ratés ! La stratégie de l’échec est une réussite : http://www.super-script.com/dead_site/

 

Stefan Sagmeister

Designer mondialement reconnu et fondateur de l’agence new-yorkaise, Sagmeister & Walsh parle de son métier avec enthousiasme en nous révélant sa méthode infaillible : pour commencer à réfléchir sur le design d’un objet, il faut partir d’un tout autre objet !

Et pour commencer l’année 2017 en apesanteur : https://www.youtube.com/watch?v=9-Knm_PbzHA

 

De nombreux festivals permettent d’apprécier ces nouvelles écritures mais le KIKK reste une référence incontournable. Alors, rendez-vous pour l’édition 2017 ?

 

Tags : culture numérique

maxresdefault-1

Gaming à finalité sociale : utiliser le potentiel du jeu vidéo

Attention à la confusion! Le social gaming est un concept basé sur l'articulation entre jeux vidéo et réseaux sociaux. Ces social games sont apparus en 2007 pour se multiplier à partir de 2009. Ils reposent sur un principe très simple: partager l'expérience de jeu entre amis et/ou avec des inconnus. Gratuits et très faciles d'accès, ils fonctionnent sur le modèle économique de la frustration en intégrant une mécanique qui pousse le joueur à acheter en argent réel de la monnaie virtuelle pour avancer plus vite dans le jeu. La recette est toute simple: ces jeux sociaux sont émaillés d'obstacles, de difficultés ou de «trous» (périodes de ralentissement) qui vont frustrer le joueur et le pousser à effectuer des micro-transactions pour pallier à cette insatisfaction.

 

Gaming Out

Avec l'utilisation du potentiel créatif, ludique et pédagogique du jeu, on se trouve dans une sphère complètement différente, celle du jeu à finalité sociale. C'est l'utilisation de Minecraft Education par l'EPN de Neufchâteau dans un stage d'éveil à la citoyenneté à destination d'élèves de 5 ème primaire. Ce sont les ateliers «jeunes et Geek» de l'EPN de Quaregnon qui utilisent le numérique (trucage vidéo, serious game, retro gaming) de façon créative et réfléchie afin de faire passer les participants du stade de consommateur à celui d'acteur du monde virtuel. C'est encore le lancement le 15 juin dernier de la plate-forme «Gaming Out» par l'asbl FOR'J et le Quai 10. Son objectif: faire découvrir le potentiel du jeu vidéo dans les domaines de la pédagogie, la culture et la créativité.

 

Scratch dès 4 ans

Julien Annart, porteur du projet: «Pour tout ce qui est jeu à visée éducative, il y a 3 modèles. Tout d'abord celui du serious game. Ce sont des jeux conçus par des sociétés privées pour un objectif très précis d'apprentissage, sur toutes sortes de matières : le français, les langues, la mécanique, la la géographie, la musique. Ce sont des jeux très courts (on parle de plus en plus de mini serious games), 10 à 20 minutes en règle général. Ils présentent un double problème. Tout d'abord, ils sont chers à produire, donc très vite hors de portée du monde de l'enseignement et de la formation. Surtout, ce sont plus des outils de formation que des jeux. Scratch est le meilleur exemple du deuxième modèle d'outil d'éducatif. L'idée est d'utiliser le potentiel d'attractivité du jeu à des fins pédagogiques. Dès l'âge de 4 ans, on peut se servir de Scratch pour s'initier à la logique mathématique ou à la programmation. C'est la force d'une initiative comme l'heure du code. De plus en plus d'acteurs en Belgique soutiennent ce projet : Fisching Cactus et son petit robot Algo, l'Umons et son Cyberpack, Genre-et-TIC avec Manon 2.0, une Web série consacrée à la place des femmes dans les TIC ou encore le Mundaneum qui invite le visiteur à un voyage au coeur de l'information. »

 

Vos papiers SVP !

« Le dernier modèle, et j'ai le sentiment que c'est le meilleur, est celui qui consiste à utiliser les vertus pédagogiques que le jeu a en lui. Il existe des dizaines de jeux qui, de par leur qualité et leur discours, permettent de travailler sur des champs comme la citoyenneté, l'esprit de groupe, la solidarité, la créativité, l'éthique. Avec Papers Please, le jeu d'observation et de réflexion lancé en 2013 par Lucas Pope, on enfile le costume d'un douanier qui doit gérer administrativement l'afflux massif de réfugiés. Très vite, le joueur va être confronté à des dilemmes abominables, sachant que plus le joueur règle vite les dossiers, plus il reçoit de l'argent pour nourrir sa famille. On voit toute l'inhumanité qu'il y a dans cette bureaucratisation de l'accueil des réfugiés. Avec Walking Dead, on se trouve plongé dans des situations où l'on est confronté à des choix éthiques : en cas de maladie, ment-on à un enfant pour le préserver où lui dit-on la vériter pour lui permettre de se défendre. Si deux personnes sont en danger de mort, laquelle va-t-on tenter de sauver et pourquoi ? Très vite, on se trouve sur les valeurs et la citoyenneté. »

Tags : culture numérique - multimédia - Programmation

Cardon1-1

Dominique Cardon : à quoi rêvent les algorithmes ?

Le 19 avril dernier, dans le cadre du cycle « Pour un numérique humain et critique » Dominique Cardon, sociologue au Laboratoire des usages d’Orange Labs et professeur associé à l’université de Marne-la-Vallée, était l'invité de Point Culture pour une conférence basée sur son récent ouvrage : A quoi rêvent les algorithmes ?

 

Ils sélectionnent et trient l'information pour nous, nous suggèrent de nouveaux amis, nous recommandent certains achats, surveillent notre santé et vont bientôt conduire nos voitures. Ils isolent des cibles humaines que les drones américains vont abattre et listent des profils à risque dans le cadre de la lutte anti-terrorisme. Ils, ce sont les algorithmes, omniprésents dans le monde virtuel du Web et dans le monde réel des objets connectés. Ces programmes qui nous guident et nous suivent pas à pas ont des fonctions bien précises. Pour plus de confort et plus de maîtrise de nos comportements. Dominique Cardon s'essaie à une classification de leurs «fonctions».

 

Quatre familles d'algorithmes

Il existe selon le sociologue quatre familles d'algorithmes dont le rôle est de séquencer et d'agencer les énormes flux d'informations que véhiculent le réseau Internet et bientôt les objets connectés. La première technique de calcul organise la popularité des sites et des contenus en fonction du nombre de clics et de vues. C'est ce qu'on appelle l'effet boule de neige : l'audience nourrit l'audience et façonne des contenus dont la valeur ne tient qu'au nombre. Au risque, remarque Dominique Cardon, de privilégier de façon écrasante «les choix conformistes, consensuels et populaires.» Le désagrément n'est pas nouveau mais en même temps, il est à la base du succès du moteur de recherche de Google qui livre les résultats qui satisfont le plus grand nombre. Une ombre au tableau tout de même : cette popularité de masse peut être fabriquée artificiellement par des robots cliqueurs ou de faux avis d'internautes rémunérés pour augmenter le nombre de clics ou d'avis. De mauvaises langues évoquent encore un possible manque d'objectivité de Google lorsque ces recherches s'effectuent sur un terrain sensible pour son modèle économique.

 

Mesure méritocratique

La deuxième famille d'algorithmes opère une hiérarchisation de l'autorité des sites via les liens hypertextes qu'ils s'échangent. C'est la désormais célèbre technique PageRank de Google qui mesure l'influence sociale des sites. Cardon l'appelle la mesure méritocratique où le nombre de liens (vus comme autant de reconnaissances) qu'un site reçoit des autres remplace le nombre de clics. Ici, l'information la plus visible n'est pas celle qui est la plus consultée, mais celle que les utilisateurs ont privilégié en lui adressant le maximum de liens.

 

Réputation numérique

Avec l'e-réputation, on touche au «qualitatif émotionnel » : le nombre de «J'aime», de partages, d'amis sur Facebook et de suiveurs sur Twitter. Cette troisième technique de calcul se base sur la réputation numérique d'une information. Vont l'alimenter les internautes qui obtiendront le meilleur score, c'est l'explication à la course effrénée aux vidéos, photos et publications qui font le buzz, c'est le concours du titre le plus racoleur et du Tweet le plus ravageur.

 

Machine learning

La dernière «variété» d'algorithme pointée par Cardon a pour but d'enregistrer (de la façon la plus discrète possible), les traces que vous et moi laissons sur le net. Ce qu'on appelle le machine learning, autrement dit la prédiction de la façon dont vous allez vous comporter formulée sur base de l'analyse de vos agissements antérieurs. But de l'exercice : vous suggérer des recommandations de choix, le plus souvent d'achat mais cela vaut également pour des amis, sur des plates-formes comme Amazon, Netflix, E-bay, AppleStore ou Facebook.

Tags : éducation aux médias - culture numérique

bigdata-1

Le pouvoir des algorithmes

Une grande partie de notre vie sociale est d'ores et déjà définie, répertoriée, caractérisée par les traces numériques que nous laissons de manière volontaire et involontaire, au gré de nos échanges sociaux et de nos démarches commerciales en ligne. Aujourd'hui, il faut aussi compter avec la déferlante des objets connectés. Votre GSM ou votre smartphone ne sait pas encore si vous courez, marchez, roulez en voiture ou faites vos courses. Cela va changer avec les capteurs embarqués dans les montres Apple ou Samsung, les chaussures Nike ou Digitsole, les balances Withings et autres bracelets connectés Sony ou Fitbit qui vous informent sur le nombre de kilomètres parcourus en une journée, la quantité de calories brûlées et la qualité de votre sommeil. Ces données, toutes ces données, sont méthodiquement et systématiquement mémorisées dans de gigantesques silos de données, ce qu'on appelle le Cloud.

Phéromones numériques

C'est qu'elles représentent un potentiel économique considérable. Antoinette Rouvroy, chercheuse FNRS au CRIDS de Namur dans un entretien publié sur le blog du Monde : « Nous intéressons les plates-formes, comme Google, Amazon, ou Facebook, en tant qu’émetteurs et agrégats temporaires de données numériques, c’est-à-dire de signaux calculables. Ces signaux n’ont individuellement peu de sens, ne résultent pas la plupart du temps d’intentions particulières d’individu, mais s’apparentent plutôt aux « traces » que laissent les animaux, traces qu’ils ne peuvent ni s’empêcher d’émettre, ni effacer, des phéromones numériques, en quelque sorte. Ces phéromones numériques nourrissent des algorithmes qui repèrent, au sein de ces masses gigantesques de données des corrélations statistiquement significatives, qui servent à produire des modèles de comportements. »

La force de la recommandation

Les caméras, les capteurs mais surtout les objets connectés (de la montre à la voiture intelligente) ont ainsi pour fonction de capter un maximum d'information en temps réel pour interpréter, puis guider nos conduites : nos achats, notre consommation, nos loisirs et, in fine, notre façon de voir le monde. Avec Now, Google donne en temps réel diverses informations que le système pense nous être utiles. Il les affiche en fonction de notre position géographique qu’il détermine par le GPS intégré ou par l’adresse IP via laquelle notre écran se connecte. Ses propositions sont automatiquement sélectionnées par des algorithmes sur base des données que les services Google ont collecté à partir des diverses recherches que vous avez faites sur Google Search et sur Google Maps, des rendez-vous fixés dans votre calendrier si vous utilisez Google Agenda, des mots clés de votre messagerie : bref à partir de tout service Google que vous utilisez. Aujourd'hui, à partir des données que la société fera remonter des objets connectés dans lesquels il investit massivement, Google travaille à la mise en place une interface algorithmique d'interprétations de nos faits et gestes au quotidien, en temps réel, où que l'on soit.

Le pouvoir des algorithmes

Le risque est d'en arriver à un univers automatique basé sur la recommandation et sur l'analyse algorithmique de ce qui est bon pour nous. Les sites commerciaux n'ont pas vocation à prendre en compte nos besoins : ils ont pour but de les encadrer grâce à un maximum de personnalisation. L'objectif n'est pas tant d'adapter l'offre aux désirs spontanés des individus mais plutôt d'adapter les individus à l'offre, en adaptant les stratégies de vente (la manière de présenter le produit, d'en fixer le prix) au profil de chacun. Pour la chercheuse des FNDP, c'est là le véritable pouvoir des algorithmes : «Le fait de parcourir le site internet d’une enseigne vestimentaire; de cliquer sur différents produits; de les commander ou non, entraînera les premières mesures recueillies, analysées puis mémorisées, et qui permettront aux algorithmes de conduire insidieusement nos recherches, nos désirs, et au final, de nous faire acheter le produit que l’on pense avoir choisi le plus librement possible.» Le 16 février prochain, Antoinette Rouvroy donnera une conférence sur ces applications « big data » qui visent à modéliser les comportements humains.

Tags : culture numérique

News plus anciennes