Le blog

La Bataille du Libre le 25 avril à Bruxelles

Pour la quatrième édition d’Associalibre, l’Association BELge de promotion du LIbre organise une soirée ciné débat émaillée d’ateliers et de présentations de solutions numériques mixant robustesse et éthique. Par delà la fiabilité des outils, il s’agit d’oeuvrer à une culture numérique libre et de promouvoir la solidarité numérique citoyenne.

 

A l’ISIB à partir de 17 heures

C’est à nouveau dans les locaux de l’ISIB qu’Abelli organise son événement annuel Associalibre. En marge de la projection du film La Bataille du Libre (18h00), la fin d’après-midi et la soirée (seront l’occasion d’un coup de projecteur sur des initiatives et associations libristes aux noms exotiques : Nubo, Cassiopea, Neutrinet, DigitalAll Belgium, Noalyss, Contributopia ou Cassiopera.

 

Les outils numériques ont des valeurs

Abelli est née en 2013 de la volonté d’organiser les Rencontres Mondiales des Logiciels à Bruxelles. Lorsqu’il s’est agi, une fois celles-ci terminées, de liquider l'ASBL, ses membres militants ont décidé de poursuivre l’aventure. Son objectif est double: réunir les différentes associations militant pour le logiciel libre en une seule force et créer un espace de rencontre et d’échange privilégié entre la communauté du libre et le secteur associatif. Frederic Collignon, Co-administrateur Abelli, animateur au Brussels GNU/Linux User Group "Pour nous, il est important que le secteur non marchand et le monde de l’économie solidaire sachent qu’il existe des outils informatiques fonctionnels et congruents, qui vont dans le sens de ce qu’elles ont comme objet social: la promotion de la solidarité, le partage, le développement de biens communs. A nos yeux, utiliser Facebook ou Microsoft n’est pas congruent. Dans le mode du logiciel libre, et contrairement à ce que le nom laisse suggérer, ce n’est pas le logiciel qui est libre, mais bien son utilisateur"

 

Passerelle entre les geeks et les associations

Agnez Bewer, militante Abelli, co-fondatrice de Nubo.coop, membre de Creative Common Belgium: "On s’est donné comme tâche de faire le lien entre les geeks et les utilisateurs. Cela peut être les associations comme le grand public. On veut expliquer, vulgariser et présenter des solutions fonctionnelles. Abelli est en contact avec Nurpa, Cassiopea, Neutrinet et le BXLug. Nous jouons le rôle de relais avec des associations comme Framasoft ou Open Atlas ou des initiatives comme les CHATONS ou Communecter"

 

Nubo, une coopérative citoyenne pour du numérique éthique

Le réseau des CHATONS a été initié en France par Framasoft. Les organisations réunies au sein ce Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires fonctionnent selon le modèle d'un Internet décentralisé où les données sont hébergées chez un hébergeur de confiance. Depuis ce mois de mars, ce service est proposé par la coopérative Nubo.coop.

Agnes Bewer: "Nubo est une coopérative de citoyens visant à fournir des services numériques éthiques et respectueux de la vie privée, le tout dans un cadre économiquement pérenne.On ouvre un compte pour un abonnement de base de 5 giga à 2,50 € par mois, avec lequel on peut créer autant d’utilisateurs qu’on souhaite. Un compte inclut : e-mail, carnet d’adresses,calendrier, stockage et partage de fichiers, albums de photos, travail collaboratif en ligne, sondages, vidéo-conférence et gestionnaire de mot de passe"

 

DigitAll Belgium : Think tank citoyen et associatif

Hébergement, messagerie et cloud alternatives, boîtier de cryptage, comptabilité, bureautique et outils collaboratifs libres : à côté des outils techniques, la soirée du 25 avril sera également un lieu d’échange sur les enjeux et la dimension politique du libre, avec des inititiatives comme DigitAll Belgium, un collectif d’associations et d’acteurs militants pour un numérique inclusif. Nicolas Marion, chargé de recherche à l’ARC et membre fondateur de DigitAll Belgium : "DigitALL Belgium est un think tank, citoyen et associatif, centré sur les enjeux et les évolutions numériques en Belgique. Nous opérons une analyse critique des politiques de digitalisation belges afin d’y pointer les manquements en termes d’impacts sociaux, économiques, culturels et environnementaux. Nous militons pour un numérique inclusif, représentatif, pensé et choisi par tous et nous pas seulement réfléchit avec les seules entreprises privées du marché numérique et digital. "

 

Pour des algorithmes publics

Il y aussi, dans un contexte pré-électoral, une volonté d’interpeller le monde politique, les pouvoirs publics et le secteur associatif. Marc Van Craesbeeck, co-administrateur d’Abelli et Président du BxLUG: "A l’occasion des élections, nous demandons aux politiques de se positionner par rapport aux enjeux de démocratie, de transparence et d’autodétermination numérique. Nous leur demandons de soutenir de façon effective l’utilisation des logiciels libres au sein des administrations et des pouvoirs publics. En écho à la campagne "Public Money, Public Code" de la Free Software Foundation Europe, nous demandons que l’argent public investi dans le numérique soit conditionné à l’utilisation d’algorithmes publics. Nous appelons également les associations à se à se tourner vers des outils numériques alternatifs respectueux des libertés numériques et du bien commun".

Tags : citoyenneté - culture numérique - Logiciels Libres

CitizenLab au coeur de Youth4climate.be.

Lors de la dernière conférence TedX en novembre à Liège, Aline Muylaert, la co-fondatrice de CitizenLab, situait les Civic Tech comme moteur d’une innovation que les communes n’ont pas toujours les moyens ni le temps de mettre en place. C’est sa plate-forme que l’on retrouve au coeur du cahier de revendications youth4climate.be

 

Présents dans une quarantaine d’entre elles en Belgique, la plate-forme de consultation citoyenne bruxelloise se profile comme un adjuvant numérique à la démocratie capable de redonner la voix aux citoyens et de faire en sorte qu’ils se réapproprie leur ville. Comme à Liège, ou la plate-forme a été utilisée par la ville pour sous la forme d’une boîte à idées. Réinventons Liège a ainsi récolté près propositions traduites en 77 projets prioritaires : mettre en place un réseau de pistes cyclables, promouvoir le ticket unique pour les transports en commun, créer une application de co-voiturage ou encore soutenir la monnaie locale «le valeureux». A Marche-en-Famenne, CitizenLab a permis de départager 4 projets architecturaux pour la rénovation de la Place aux Foires. A La Louvière, c’est Fluicity qui a été retenu comme plate-forme de base de la campagne «Devenez acteur de votre ville». Ces outils de consultation citoyenne en ligne séduisent de plus en plus les élus qui y voient l’occasion d’interagir avec la population, et de pouvoir en prendre le pouls très facilement.

 

Eviter les sujets qui fâchent

La plupart du temps, on évite les sujets qui fâchent comme le souligne Aline Muylaert dans une interview à l’écho: «Notre solution n’est pas adaptée aux questions qui entraînent beaucoup de réactions et d’émotions. C’est notamment le cas pour la migration.» Se pose ainsi la question de la pseudo participation, la consultation prétexte sur des sujets accessoires, l’essentiel de la conduite de la cité restant inscrite dans le cycle politique traditionnel. La question de la représentativité de la participation est également à interroger, étant traditionnellement réservée à des internautes d’un certain niveau socio-culturel et économique. Reste que l’outil est séduisant et qu’il fait flores, permettant d’adosser à la vie communale un historique des projets et des échanges citoyens.

 

Civitech & réseaux sociaux propriétaires

Au départ, ces plates-formes sont très peu utilisées par les internautes citoyens et collectifs, pour des raisons de coût et de difficulté de diffusion : il faut souscrire un abonnement, faire savoir l’initiative et motiver les gens à s’y inscrire et à la visiter. C’est en train de changer. L’année passée, un collectif d’associations a intégré Fluicity dans sa campagne Enragez-vous, engagez vous et puis votons. Il s’agissait, en période pré électorale, dans les 27 communes du Brabant Wallon, de faire choisir par leurs habitants 5 défis à rencontrer et 5 merveilles à préserver afin de faire remonter l’information auprès des candidats aux urnes. La plupart du temps, l’initiative est couplée avec une présence sur les réseaux sociaux populaires, lisez Facebook, You Tube, Instagram et Twitter.

 

#FridaysForFuture

La genèse des marches des jeunes pour le climat est intéressante à retracer dans ce contexte. En Suède, des élections sont organisées en septembre 2018. Trois semaines avant celles-ci, une étudiante de 15 ans, Greta Thunberg, décide de sécher les cours pour organiser des sit in devant le Parlement de son pays, demandant à ce que celui-ci respecte les accords de Paris sur le climat. Pour relayer son action, elle choisit crée les hastags #ClimatStrike et #FridaysForFuture sur Twitter. Sa figure et sa cause deviennent médiatiques. Les chaînes d’infos et les TV prennent le relais. Elle est jeune, courageuse. Son engagement, l’importance, l’urgence et l’universalité de la cause qu’elle défend interpelle le monde entier.

 

Faites la grève du climat

Greta Thunberg se rend en Pologne à la Conférence pour le climat. De là, elle met en ligne une vidéo pour inviter un maximum de monde à la rejoindre : "Où que vous soyez, qui que vous soyez, on a besoin de vous maintenant. S'il vous plait faites la grève du climat avec nous. Mettez-vous devant votre parlement ou votre représentation locale, même si c'est un court instant, pour leur dire qu'on veut de l'action pour le climat". En janvier, elle se rend en en train à Davos. Les réseaux sociaux jouent pleinement leur rôle d’amplificateur. Greta Thunberg compte 141.000 folowers sur Twitter d’où elle a publié 2500 tweets. Les hashtag #FridaysForFuture ont fait une multitude de petits (#Climateaction, #Greveduclimat, #MarchepourleClimat,…). La mobilisation essaime un peu partout en Scandinavie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume -Uni, aux USA, en France en Belgique ou en Australie. En Virginie, Harriet O’Shea Carre et Milou Albrecht, toutes 2 14 ans ont organisé le novembre une manifestation «Climate strike». Elle s’est tenue dans une vingtaine de villes australienne

 

Youth For Climate

En Belgique, la mobilisation part d’un événement Facebook mis en ligne le 20 novembre à l’initiative d’étudiants de Bruxelles II auquel succèdera le collectif Youth for climate mis en place par Anuna De Wever et Kyra Gantois pour la partie néerlandophone et Adélaïde Charlier pour la partie francophone. Fin janvier, le collectif annonce l’ouverture d’un cahier de revendications destiné à nourrir la mobilisation jusqu’aux prochaines élections. Pour structurer les idées et les projets de ses militants le mouvement choisit CitizenLab comme moteur numérique de sa nouvelle plate-forme youth4climate.be. Signe des temps, on peut s’y inscrire à partir de son compte Facebook...

Tags : citoyenneté - développement-durable

1200x630wa-1

Wallonie en poche : devenir le Google des services locaux

En un an, LetsGoCity n'a pas ménagé ses efforts de fédération des applications mobiles de proximité. Son ambition : être la référence wallonne des solutions numériques locales proposées aux citoyens. Son actualité : une refonte complète de son interface qui se présente dorénavant, à l'instar de la Timeline de Facebook, comme un flux de services géolocalisés.

 

Portail de services locaux

L'idée au départ de LetsGoCity et de son application Wallonie en poche est toute simple. "Nous nous sommes rendus compte ", explique son CEO Pierre Labalue, "que si il existe beaucoup de créations, d'initiatives, de sites Web, de développements d'applications mobiles, elles sont peu utilisés au quotidien. En moyenne, l'utilisateur embarque sur son smartphone 50 applications. Mais dans la pratique, il n'en utilise régulièrement qu'une dizaine, dont 7 sont horizontale. Ce sont les incontournables Facebook Messenger, Google Hangouts, LinkedIn ou WattsApp. In fine, il ne reste ainsi que 2 ou 3 applications à finalité locale et parmi celles-ci, très peu ou pas du tout sont développées en Wallonie. Concrètement, si vous voulez savoir quand a lieu un prochain événement dans votre commune, vous allez sur Facebook. Si vous voulez savoir quand passe le train, vous consultez Google et si vous cherchez un numéro de téléphone ou un bon restaurant, vous passez par TripAdvisor. LetsGocity est ainsi né d'un constat général des territoires connectés wallons : il existe beaucoup de très chouettes applications mais très peu sont réellement utilisées au quotidien. D'où l'idée de les rassembler dans un portail des services SmartCity orientés citoyens"

 

Partenariat avec Jules Lesmart et BetterStreet

"Nous travailler à fédérer les applications mobiles wallonnes dans une interface unique qu’on a appelé Wallonie en poche. Nous avons démarré il y a un an avec quelques services de proximité : la collecte des déchets, les horaires de bus, ceux des trains. Il est également stratégique pour nous de nouer des partenariats avec des startups. Le premier d'importance est celui conclu avec BetterStreet qui est dorénavant utilisable depuis Wallonie en poche. On rejoint aussi des écosystèmes comme celui de Jules Lesmart. Cela nous permet d’être au plus près pour travailler sur l’interopérabilité avec les solutions des acteurs présents sur cette plate-forme.

 

Mur de services

L'application actuelle se présente comme un mur de services auquel on peut ajouter ou supprimer des applications mobiles bâties à partir des jeux des données d’organisations comme les TEC ou la SNCB ou d’intercommunales comme le BEP de la Province de Namur ou Idelux. "Nous veillons également à intégrer dans Wallonie en poche des communautés durables comme les clubs sportifs, les zonings ou les services communaux ou des événements éphémères comme SmartCity Wallonia ou le Hackathon citoyen C'est ainsi que la commune d’Ottignies Louvain La Neuve injecte les infos "smart" de son service urbanisme (heures d’ouvertures,…) et que le Val Benoît informe de l’état de ses différents chantiers. Nous sommes en train d’intégrer le guichet électronique de la commune de la Hulpe. Via Itsme, les habitants pourront commander et payer leurs documents à partir de Wallonie en poche. L’ASBL Commerce Liégeois utilise notre application pour recenser les vitrines adaptés aux personnes à mobilité réduite."

 

Nouvelle interface

Les prochains chantiers? Pierre Labalue: "Il s’agit de passer de la douzaine de services actuels à une trentaine, voire une centaine. Si vous avez une question sur un service de proximité, vous devez pouvoir trouver la réponse sur Wallonie en poche. Nous voulons devenir le Google des services locaux. Nous avons totalement repensé l'application à cet effet. A l'instar du fil d’actualité de Facebook, nous avons développé une nouvelle interface qui se présente comme un flux de services couplé à un moteur de recherche contextualisable. On peut dorénavant ouvrir Wallonie en Poche n'importe où en Wallonie et voir les services proposés dans l'endroit où l'on se trouve."

Tags : données ouvertes - Smart

Richard Stallman: non aux logiciels privateurs de liberté

C'est en 1983 que Richard Stallman lance le mouvement du logiciel libre avec le projet GNU. Deux ans plus tard, il crée la Free Software Foundation. Depuis, il parcoure le monde avec un mot d’ordre: défendre les libertés numériques. Fin août, il a fait un crochet à Bruxelles à l’invitation de son vieux complice Nicolas Pettiaux, l’organisateur d’Educode. Richard Stallman rappelle l'importance, pour le monde de l'enseignement, de la formation et des pouvoirs publics, de garantir aux citoyens une liberté essentielle: celle de pratiquer une activité numérique sans être suivi à la trace. "Si vous faites appel à un programme pour mener à bien des tâches affectant votre vie, votre liberté dépend du contrôle que vous avez sur ce programme. Cela implique 4 libertés. Tout d’abord, la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue vos tâches informatiques comme vous le souhaitez. En deuxième lieu, l’accès au code source est une condition nécessaire pour pouvoir le modifier et l'adapter à vos besoins".

 

Un contrôle collectif du code

Mais tout le monde n'est pas programmeur. "Il faut donc, c'est la troisième liberté, pouvoir redistribuer des copies, c'est à dire aider votre voisin non programmeur. Il faut enfin avoir la liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées. En faisant cela, vous donnez à toute la communauté une possibilité de profiter de vos changements. Les deux premières libertés signifient que chaque utilisateur a un contrôle individuel sur le programme. Avec les deux autres libertés, n’importe quel groupe d’utilisateurs peuvent exercer un contrôle collectif sur le programme. Ce sont alors les utilisateurs qui contrôlent le programme."

 

Uber outrepasse ses droits

Avec ce que Stallman appelle le logiciel privateur, c’est le fabricant qui exerce un pouvoir sur l'utilisateur. " De plus en plus souvent, ceux-ci sont conçus pour vous espionner, vous manipuler ou vous censurer. Les programmes de lecture de livres d'Amazon mémorisent toute l'activité de leurs clients : le titre du livre, les pages lues, les notes prises. On s'est penché sur les 1000 applications les plus populaires dans l'environnement Android. Plus de la moitié espionnennt les utilisateurs de façon facilement détectable. On ne sait pas ce que font les autres : sans doute la même chose, mais de façon plus discrète! Spotify et Netflix gardent la liste de tout ce que vous avez écouté et regardé. Cela ne devrait pas être légal. Uber ne devrait pas avoir le droit d'exiger un enregistrement de ses passagers. Quand on prend un taxi, on reste anonyme. Uber, lui, enregistre où vous avez pris la course et où vous vous êtes rendu. Ce sont des informations qu'il a déjà fourni à l'état américain."

 

Portes dérobées

Ces logiciels privateurs contiennent des portes dérobées, du code conçu pour recevoir des commandes distance. "En 2009, Amazon y a eu recours pour effacer des milliers de versions du roman de Georges Orwell 1984. Devant les critiques, Amazon a promis qu’il ne le ferait plus jamais, sauf si l’état lui demandait. Mais ce n’était pas sincère: la société a recommencé quelques années plus tard. Dans une voiture autonome, ce type de porte dérobée pourrait être très dangereuse. Elle pourrait par exemple être utilisée pour vous conduire à la police secrète pour être torturé. Nous pouvons supposer que la chine implémentera ce type d’application mais qui sait si les USA ou la France ne le feront pas non plus au nom de la sécurité? Savez vous que la majorité des smartphones peuvent être convertis à distance en système d’écoute fonctionnant 24 heures sur 24?"

 

Le libre, condition fondamentale de l’exercice de la citoyenneté

"Il faudrait refuser tout équipement ne fonctionnant pas en logiciel libre pour uniquement utiliser des applications qui sont contrôlées par une communauté d’utilisateurs. Ce sont eux qui doivent avoir le pouvoir, pas les développeurs. J’ai lancé le système d’exploitation GNU en 1984 dans ce but : pour qu’on puisse utiliser un ordinateur en toute liberté. En 91, le système était presque complet. Seul manquait le noyau. C’est à ce moment que quelqu’un d’autre, Linus Torvalds, en a publié un : Linux. Mais il n’était pas libre. En 92, il l’a rendu libre et la combinaison GNU/Linux a été le premier système d’exploitation libre à pouvoir fonctionner dans un PC. Cette liberté est fondamentale pour l’exercice de la citoyenneté. C’est pour cela que les écoles, et plus globalement tout le secteur de la formation et de l’enseignement, devraient uniquement enseigner du logiciel libre pour transmettre ces valeurs démocratiques de solidarité et de partage. Cela permettrait en outre à une nouvelle génération de programmeurs de maîtriser leur art. Enseigner l’utilisation d’un programme non libre, c’est implanter la dépendance à l’égard de son propriétaire, en contradiction avec la mission sociétale de l’école. L’école ne doit pas confier l’activité informatique de ses élèves à des Google, Apple ou Microsoft. Cela ne devrait pas être toléré dans une société démocratique qui défend la liberté et l’éthique!"

Tags : Logiciels Libres - vie-privée - citoyenneté

Utopia, la citoyenneté selon Minecraft

Il devait durer 4 mois. L’atelier en est à sa deuxième année. Deux mardi soir par mois, des ados se réunissent à l’EPN de Neufchâteau pour constuire leur cité idéale. L’idée est partie des 500 ans du livre Utopia de Thomas Moore. Pourquoi ne pas proposer aux jeunes de créer leur propre vision de la ville parfaite? La plupart d’entre eux connaissent Minecraft. C’est un bon moyen de capter leur attention pour faire avec eux un bout de route sur le chemin de la citoyenneté. Christophe Van Goethem, animateur à l’EPN de Neufchâteau, a présenté son projet lors de la 13è journée des EPN qui s’est tenue à la Bourse de Namur le 8 juin dernier

 

Christophe Van Goethem: "le jeu est un outil on ne peut plus intéressant pour capter l’attention des enfants. Dès qu’ils voient Minecraft, ils se jettent dessus. L’utiliser dans un EPN offre beaucoup d’avantages. Le jeu est bon marché (24 euros par licence ordinateur et 60 € par an pour un serveur illimité) et très évolutif. On peut l’utiliser pour faire de la remédiation en maths ou du pixel art. Très vite, au fur et à mesure qu’ils accomplissent des petites tâches répétitives et que la confiance grandit, on arrive avec les jeunes à des choses beaucoup plus complexes. C’est là que cela devient intéressant. Il existe un mini bouquin qui s’appelle "Coder avec Python avec Minecraft dès 10 ans". Il vous suffit de télécharger la version 1.1 de Minecraft. En 3 commandes en python, vous programmez avec eux."

 

Espace de liberté numérique

C’est dans le cadre d’un atelier dédié à la citoyenneté que Christophe a "hacké" Minecraft. "Je voulais susciter une réflexion chez les ados en leur donnant un espace de liberté. Le pitch du projet, c’est de réfléchir et jouer ensemble à ce que pourrait être une ville idéale. L’espace de liberté, c’est Minecraft". A une condition: Utopia, la ville parfaite, sera aussi réfléchie au niveau des lois du vivre ensemble. "Le premier atelier a réuni 9 personnes. Ils ont choisi l’objet de la cité: ce serait l’épanouissement de chacun. Le groupe est passé à 10, 16 et maintenant 20 personnes. Cela devait durer 4 mois, on en est à la deuxième année. Aujourd’hui, je cherche d’autres EPN partenaires, pour avancer dans Utopia. J’aimerais développer le thème des réfugiés."

 

Réfléchir à l'organisation de la société

Dans Minecraft, Utopia est axé sur l’hôtel de ville (grec) et sur un grand espace de discussion. En dessous existe un entrepôt commun à la ville. "Du coup, ils partagent tout. Dans Utopia, chacun a son logement. Pour se nourrir, la culture et l’élevage se développent. La communauté des jeunes a décidé d’industrialiser au maximum les tâches pesantes afin de dégager du temps pour se faire plaisir. Dans Utopia, le vote est obligatoire mais c’est la règle de la majorité des 3/4 qui prévaut. 51%, cela ne sert à rien, il y a autant de mécontents que de satisfaits. Il faut savoir prendre du temps pour éviter d'en perdre en amendements. Voilà le genre de décision à laquelle le groupe arrive. Cela pousse à réfléchir à la façon dont on organise la société."

 

Triangulation de parole

Concrètement, les jeunes se réunissent à l’EPN deux fois par mois, le mardi soir, de 18h30 à 21h30. Il y a 12 PC et 8 licences Minecraft. Le groupe se réunit, fait le point sur la séance précédente et l'état des projets pour travailler sur un thème particulier. Vient un moment de table "sandwich soda", sans écran. Il permet de discuter d’autre chose ou de revenir sur tel ou tel point. Après, le groupe "joue" à faire grandir Utopia. Quelques règles simples installent la convivialité et le respect de soi et des autres. On parle correctement, on s’adresse toujours en commençant par "Je pense", "Mon avis est que", et on utilise la trianguliation de la parOle. "Ils ne s’adressent jamais directement aux autres. Ils passent par moi. Cela permet de se centrer sur les idées et d’éviter les attaques personnelles. Une fois qu’on est intervenu, on attend que tout qui souhaite s’exprimer sur le sujet l’ait fait avant de prendre à nouveau la parole. Pour moi, cela fait partie de l’éducation à la citoyenneté. D’ailleurs les jeunes voient que la méthode donne de bons résultats. Je pense qu’ils l’adoptent en partie. En tout cas, leur comportement évolue. Dans le groupe de 10, il y a maintenant 1 arbitre, 3 délégués de classe et 2 qui font du bénévolat. On voit qu'ils s'investissent, qu'ils trouvent leur place dans la société."

 

Tacler le populisme

"Règulièrement, j'invite des intervenants officiels à intervenir, comme le Président des tribunaux d’Arlon. On parle justice. Car dans Utopia, comme l’argent est banni, il ne peut pas y avoir d’amendes. Reste deux peines: la privation de liberté et le travail d’intérêt général. Ce n'est pas si simple de trancher. Le fait d'être confronté à des questions de choix de société permet d'éviter les avis tranchés comme "tous pourris". Faut-il ou non retirer le permis de conduire à un conducteur de taxi, seule source de revenus dans son ménage, qui boit. Quand c'est vous qui devez prendre la décision, ce n'est pas si simple. Sur Utopia, la particratie est Interdite. En septembre, le groupe abordera le thème de la sociocratie."

 

Place des utopies

"Au terme de l’atelier des 4 premiers mois, on a organisé une soirée de gala. On l’a appelé la Place des Utopies. Les jeunes ont présenté Utopia. J’ai invité le Gouverneur de la province, le bourgmestre, les députés provinciaux, les partis politiques, les syndicats, bref tout un tas d’adultes pour qu’ils écoutent ce que les jeunes ont a leur dire. Après, il y avait une conférence et puis on a refait le monde autour du bar. L’événement a réuni plus de 100 personnes. Cela peut créer une réelle dynamique communale."

Tags : citoyenneté

Le Web dans le jeu démocratique

Une thématique passionnante aux mille facettes. C’est ainsi que Périne Brotcorne parle du rapport entre la démocratie et le Web. Pour la chercheuse senior à la Chaire Travail-Université de l’UCL, la compréhension du fonctionnement des algorithmes est un enjeu démocratique majeur car ceux-ci façonnent une vision du monde, des formes d’organisation de la société et de l’espace public particulières.

 

Si l'affaire Cambridge Analytica a fait scandale, ce n'est pas uniquement en raison du siphonnage des données personnelles de dizaines de millions d'internautes. C'est aussi parce que la volonté de la société britannique de data marketing était de les utiliser à des fins de prédictions comportementales. L’objectif: orienter le vote de certains internautes ayant le profil de données ad hoc en faveur de Donald Trump, quitte à guider leur choix par du contenu inventé de toute pièce. Mais est-ce que ce principe de prédication par les traces est vraiment inédit?

 

Ouvrir la boîte noire

Périne Brotcorne: "Pas du tout: c’est l’un des moteurs du fonctionnement actuel des grandes entreprises comme Facebook, Google ou Amazon. C’est pour cela qu’il faut ouvrir la boîte noire des algorithmes, il faut en comprendre le fonctionnement car nous sommes face à un réel enjeu démocratique. Ces deux dernières années années, on a assisté à l'émergence de 2 dynamiques majeures dans le chiffrage de la société : la collecte massive des données et leur traitement par des algorithmes. Les instructions mathématiques que l'on donne aux ordinateurs sont à la base de nombreuses décisions qui nous concernent au quotidien, et dont on n'est pas toujours conscient. Il ne faut pas croire que ces calculs sont neutres et objectifs. Derrière ces données, il y a un système de valeur, des normes bien précises. Les algorithmes sont porteurs des valeurs de leur concepteur et de leur vision du monde. En levant le voile sur leur fonctionnement, nous allons capturer leur vision du monde et prendre conscience des choix politiques qui se cachent derrière les formules"

 

Nous sommes résumés à notre comportement

"Avec les algorithmes de prédiction comportementale, le futur de l'internaute est prédit par le passé des internautes qui lui ressemblent. L’algorithme calcule le profil d’un utilisateur à partir des traces de ses activités et apprend en comparant son profil à ceux d’autres internautes qui ont effectués les mêmes actions que lui. Puis il va tenter de prédire et d’induire de nouvelles actions. C'est ainsi qu'Amazon va pouvoir nous proposer un produit que nous n’avons pas encore acheté parce que des internautes qui ont un profil similaire, eux, l’ont acheté. Pour la chercheuse, cela pose des enjeux en matière d'égalité sociale. "Nous devons faire face à un comportementalisme radical dans lequel l’individu est ramené, résumé à ses seuls comportements. A côté des questions éthiques qui tournent autour de la préservation de la vie privée, de la protection des données personnelles, la prédiction comportementale par les algorithmes disqualifie le jugement des internautes au bénéfice de leur conduite, de leur comportement réel ou implicite. Le jugement de l'individu disparaît derrière son comportement.

 

L’espace public de plus en plus fragmenté

Les algorithmes produisent également un effet d’enfermement qui pousse à une fragmentation de plus en plus grande de l’espace public. "Ce sont ces fameuses bulles qui automatisent et uniformisent nos pratiques de consommation ou nos opinions. Les internautes sont de moins en moins confrontés à la diversité, à la divergence d'opinions ou de point de vue. Cette division de l'espace public sera d'autant plus dangereuse qu'on n'en aura pas conscience. C'est une fabrique de conformisme où chacun risque de rester bloqué dans sa sphère. Mais alors, quid de l'intentionnalité et du libre arbitre? Quelle est la perspective d'émancipation lorsque les désirs précèdent l'individu. C'est un renversement de perspective, la fabrique d'une société par le bas. "Ce faisant les algorithmes fragilisent le commun et le vivre ensemble. C'est pourquoi il faut à mon sens devenir un internaute entrepreneur de soi. Il faut sortir du moule pour entrer, comme le dit Dominique Cardon, en mode manuel et dérouter les algorithmes"

Tags : citoyenneté - éducation aux médias

Derrière PageRank & EdgeRank

Pour la chercheuse de l'UCAM, la plupart des utilisateurs ne sont pas conscients des mécanismes et des effets recherchés par des algorihtmes comme PageRank & EdgeRank. Très peu de personnes savent ainsi que c'est seulement une infime partie des publications publiées par un membre du réseau Facebook qui apparaît sur le fil d'actualité de ses amis : entre 5 à 7 % en raison des tris et classements opérés. Mélanie Millette: "Facebook a ainsi confié à son algorithme la responmabilité de limiter la portée des publications de ses membres.  Ses deux premiers critères de sélection sont le potentiel initial de "buzz" (si le message  est beaucoup liké, partagé ou commenté, l’algorithme va en accroître la diffusion), ou le côté payant d'informations sponsorisées."

 

PageRank : tapis rouge pour les grandes marques

PageRank, du nom de son créateur Larry Page, a été programmé pour diriger le moteur de recherche de Google en 1998. Si les formules et les variables qui le composent ne sont pas publiques, il fait depuis toujours l'objet de nombreuses analyses, notamment des agences de référencement. En 2005, l'introduction de la fonctionnalité de recherche personnalisée a définitivement assis le succès du moteur de recherche en permettant d'afficher des résultats qui prennent en compte les préférences et recherches passées des utilisateurs, les renvoyant dans un univers de plus en plus familier. En 2008, Google a introduit la fonction de suggestion qui affiche en temps réel, dans la zone de recherche, des suggestions de recherches à partir de celles déjà réalisées par d'autres utilisateurs du moteur de recherche. L'année suivante, une important mise à jour ouvrait la porte à la différenciation du poids des contenus en fonction de l'importance économique de son producteur. Vince, c'est le nom de la variable, déroulait le tapis rouge pour les grandes marques.

 

L'émergence du mobile

La recherche en temps réel date de 2009, la prise en compte des posts sur réseaux sociaux de 2010. Un an plus tard, une variable donnait plus d'importance au site produisant régulièrement des contenus «frais». En 2013, ce sont les contenus plus long, les articles de fonds qui seront mieux pris en compte. PageRank prendra encore au fut et à mesure des mises à jours les indices de recherche locale (quand on cherche un commerce dans sa ville par exemple) ou encore les sites «responsive» c'est à dire adaptés aux smartphones et tablettes.

 

Facebook : une ligne éditoriale basée sur le poids et l'argent

L'algorithme de Facebook s'appelle EdgeRank. Mélanie Millette : "L'un de ses principes de base est l'homophilie des réseaux. Prenons la variable «Affinité». Elle est calculée en fonction des pages que vous aimez et des contenus que vous partagez. L'algorithme va comparer votre profil avec celui des gens avec qui vous interagissez. Plus les profils seront similaires, plus la chance sera grande de voir apparaître les contenus sur le fil d'actualité. La variable «Poids» calcule la performance de la publication : le nombre de mentions j'aime, le nombre de clics pour agrandir le contenu, le temps passé sur l'info, les performances passées, le nombre de partages... Facebook prend également en compte et privilégie les contenus récents et, qui s'en étonnera, accorde de plus en plus de poids aux pages sponsorisées."

 

Maîtriser et préserver sa vie numérique

Face à ce qui ressemble de plus en plus à une logique d'impéralisme numérique de majors américains, Mélanie Millette  insiste sur l'importance de la prise de conscience de ce qui se joue dans les réseaux sociaux  afin de pouvoir récupérer une certaine maîtrise dans la conduite et la préservation de sa vie numérique. Comme l'explique la chercheuse, des gestes simples, des contrôles de ce que les médias sociaux savent de nous sont tout à fait possibles via des outils comme la fonction «Mon compte» de Google ou le profil publicitaire de Facebook. On peut bloquer les publicités, effacer régulièrement les cookies, multiplier les pseudos, bref, on peut dérouter les algorithmes. On peut aussi s'immerger dans les suites alternatives, campagnes Framasoft et autres moteurs DuckDuckCo. Cela n'enlève rien à la nécessité et à l'urgence de militer pour une plus grande transparence des algorithmes qui conditionnent et cadrent en temps réel l'accès aux informations et qui président de plus en plus aux décisions qui sont prises à notre égard. Si la transparence est nécessaire, elle n'est pas suffisante. Il faut aussi donner plus de contrôle au citoyen sur ce qui est fait de ses données, sur la manière dont elles sont collectés, traitées et commercialisées. Le nouveau règlement européen général relatif à la protection de données à caractère personnel (RGPD), qui entrera en vigueur en mars de l'année prochaine, est en ce sens un bon pas en avant. Et l'on suivra avec beaucoup d'attention la suite qui sera donnée au procès qui oppose la Commission Belge de la Vie Privée à Facebook sur ce sujet.

Tags : culture numérique - citoyenneté - vie-privée

sc-1

Les Smart Cities à l'épreuve de la citoyenneté numérique

La sixième édition du festival des arts électroniques organisé par le Bozar à Bruxelles du 14 au 30 septembre met à l'honneur l'Estonie, qui assure pour 6 mois la présidence du Conseil de l'Union Européenne. On pourra ainsi découvrir Demultiplexia, une pièce de cyberthéâtre, et The Archeology of the Screen, un panel de vidéos artistiques numériques. L'exposition de lancement de l'espace Bozar Lab, The Estonian Example, mettra également en lumière ce petit pays de 1,3 million d'habitant cité en exemple en matière de citoyenneté numérique.

 

Etat numérique

Si l'Estonie fait référence en matière d'Etat Numérique, c'est parce qu'elle a, dès son indépendance en 91, massivement investi dans l'e-gouvernement. En parallèle de la refonte complète de son système administratif et de la mise en place d'outils collaboratifs, la carte d'identité électronique multiservices a constitué un développement majeur à destination des citoyens. Lancée en 2002, elle donne accès à une série de services en ligne sécurisés. Couplée par la suite avec la signature électronique et un système d'identification mobile, elle permet aujourd'hui à tous les Estoniens de remplir leur déclaration fiscale, de valider en ligne des documents administratifs et fiscaux, d'acheter un ticket de tram ou une place de cinéma, de recevoir et transmettre de façon électronique des ordonances médicales, de voter ou de faire ses emplettes. En fait, cette carte électronique remplace bon nombre des cartes que nous utilisons : du permis de conduire à la carte bancaire en passant par les cartes de transport ou de services club. Aujourd'hui en Estonie, 98% des ordonnances médicales sont échangées de façon électronique et plus de 94 % des particuliers déclarent leurs impôts en ligne.

 

Favoriser la participation citoyenne

Fin 2014, l'Estonie a franchi une étape suivante en proposant aux non Estoniens le statut de e-Résident. Sans être estonien ni résident, ils peuvent acquérir une carte d'identité électronique pour accéder aux e-services estoniens. Pris sous cet angle, la citoyenneté numérique serait alors considérée comme la capacité à agir et à exister en tant que citoyen et à tirer parti des outils mis à disposition dans le cadre des différents plans d'action du numérique en cours. Eduquer à la citoyenneté numérique consisterait ainsi à aborder des thématiques comme l'identité numérique, les comportements citoyens en ligne. Il s'agirait aussi de faciliter l'appropriation des outils et la participation citoyenne aux différents projets d'animation numérique des territoires.

 

Risque de marginalisation

Bis repetitas : cela ne se fera pas sans une réflexion approfondie sur les moyens à mettre en place pour assurer l'inclusion numérique. Périne Brotcorne, chercheuse senior à la Fondation Travail-Université, qui mène avec le projet Idealic une enquête sur le sujet, pointe les dangers d'une logique d'une politique déconnectée des plus démunis qui pourrait à nouveau déboucher sur une nouvelle fracture numérique. « Une politique du tout au numérique », explique-t-elle dans le denier numéro de a revue Contraste des Equipes Populaires, « y compris dans notre vie quotidienne, risque d'amener à une reconfiguration des publics précaires et de la précarité. S'il n'y a pas une réflexion cohérente sur la stratégie d'une ville ou d'un pays sur les questions d'inclusion numérique et de son appropriation par les citoyens, ça restera toujours une frange bien précise de la population qui pourra se permettre de s'exprimer dans et en dehors du numérique sur des questions publiques. Ca risque même de marginaliser ceux qui ne s'en sentent pas capables. »

 

Le citoyen dans la Smart City

La digitalisation de l'ensemble des services comme celle mise en place en Estonie et comme celle programmée chez nous, pourrait bien pousser à l'isolement les publics précaires. Au moment où les projets de Smart Cities se multiplient, la question de l'appropriation par les citoyens, par tous les citoyens, de cette nouvelle dimension des territoires va de plus en plus se poser. Qui à quel moment est informé du projet, qui sera amené ou invité à y participer, à quelles conditions, avec quels objectifs ? Le 19 septembre prochain se tient à Marche en Famenne la deuxième édition du congrès-salon Smart City Wallonia, à destination des mandataires et des acteurs publics wallons. On suivra avec attention l'intervention de Juliette Picry (Ville de Mons), Tomaso Antonacci (Ville d'Aubange) et Nicolas Installé (Futurocité) sur la thémarique : « La participation citoyenne, quelle solution choisir? »

Tags : citoyenneté - territoire numérique - inclusion numérique

DSC_0016-1

L'EPN Gens Clic  lance les RegArts Numériques

Exprimer ses émotions, sa passion, son style à travers une ou plusieurs techniques d'art numérique. Le projet RegArts Numériques de l'EPN Gens Clic de Nivelles figure parmi les 3 premiers lauréats de l'appel à projet EPN'Wal 2016. Il veut répondre aux besoins de créativité souvent exprimé par les usagers de l'EPN

 

L'objectif est de permettre aux participants de parcourir un grand nombre de champs possibles en expression numérique, de stimuler l'utilisation du multimédia. RegArts Numériques vise également à susciter l'intérêt des citoyens de la région en organisant des ateliers spécifiques en extérieur pour découvrir des lieux d'intérêt régionaux.

 

Distinguer une photo truquée ou retrouchée
 

Géraldine Masse, animatrice multimédia: «Grâce à la mutualisation des ressources (matériel, tutoriaux, logiciels libres) et aux créations de chacun, les participants pourront expérimenter, tester, bénéficier de l'expérience des autres personnes du groupe. Parallèlement aux objectifs centrés sur les aspects artistiques, ce projet vise également l'acquisition d'un esprit critique face aux productions rencontrées dans la presse et sur Internet afin de montrer que la photo n'est pas forcément garante de l'authenticité de ce qui est montré. Chacun pourra reconnaître une photo truquée, retouchée, différencier une information réelle d'un hoax…»

 

Peinture numérique, retouche photo, production et diffusion
 

RegArts Numériques comprend une série d'ateliers et d'activités qui doivent aboutir aux créations : utilisation d'une tablette graphique pour de la peinture numérique, prise en main d'un appareil photo, initiation à la retouche photo, mise en place d'un lexique reprenant le vocabulaire spécifique à l'art numérique, techniques de production (mise en ligne, création d'un livre numérique) et de diffusion. Le site de l'EPN de Nivelles proposera des ressources d'apprentissage dynamiques en liaison avec les thématiques des ateliers : tutoriaux, liens vers des sites utiles, vers des vidéos de Youtubers répués dans le domaine abordé. Elle comprendra également une partie réservée aux commentaires, avis/astuces rédigés par les participants.

 

Tous les logiciels utilisés sont libres
 

Les séances sont ouvertes à tous sur inscription. «Il s'agit en effet d'ateliers à la carte, aucune obligation de suivre tous les ateliers. La durée des ateliers variera en fonction du thème, des paramètres concrets de la séance. Par exemple, une retouche photo au sein de l'EPN durera 2h maximum tandis qu'un atelier de photo macro dans la nature sera moins évidente à fixer dans la durée. Des paramètres comme la météo, la luminosité et la présence d'insectes seront à prendre en compte. Les outils utilisés seront excluvisement libres (Gimp, XnView, Krita). Géraldine Masse : «Le libre est un mouvement qu'il faut défendre, vu le principe d'équité d'accès au numérique que soutient les EPN. Je n'imagine pas imposer des logiciels propriétaires alors que des alternatives libres permettent un travail de qualité.»

 

Exposition virtuelle et réelle
 

Les créations seront mise en ligne dans une expo virtuelle sur le site de l'EPN. «Lorsqu'elle sera suffisamment riche, une exposition classique verra le jour dans la salle d'expo du Centre Culturel de Nivelles. Les productions réalisées à l'EPN de la Commune et du CPAS de Sombreffe seront également exposées dans cet espace.

Tags : citoyenneté - multimédia

Histoiredigitale2-1

Des histoires digitales pour Vivre Debout

A Tubize, les participants à l'atelier les histoires digitales ont choisi de parler de leur commune où «Les choses se font et se défont». A Nivelles, à l'été dernier, l'atelier réalisé à l'occasion de l'événement «Les mondes» de Nivelles a rassemblé dans l'EPN de la bibliothèque des personnes originaires des 4 continents. Le 17 décembre dernier, les histoires digitales créées au Collectif des femmes à LLN ont fait l'objet d'une projection, «des histoires sensibles qui interpellent par leur force, leur authenticité, leur manière de rendre compte de réalités parfois difficiles en y glissant une bouffée d'optimisme.» Dernier atelier en date: à l'EPN d'Opprebais, sept histoires ont été concoctées, qu'on pourra partager lors du festival Vivre Debout du 11 au 13 mars au Centre Culturel de Perwez.

 

Laurence Delperdance, Secrétaire fédérale des Equipes Populaires du Brabant Wallon: «Tout est parti des histoires digitales créées par des éducateurs engagés dans des projets d'école en alternance dans les communautés Maya au Guatemala. Avec l'asbl Commundos, nous nous sommes lancés dans une nouvelle «équipée». Aujourd'hui, ce sont des histoires belges qui germent au fil de différents ateliers. L'objectif: associer images, commentaires et fonds musical pour composer une courte histoire qui donne à penser...à celui qui se penche sur un moment de son parcours, mais aussi à celui qui a découvert cette tranche de vie. Lors de l'atelier de Nivelles, il fut question de burn out, de la situation des femmes élevant seules leur enfant, de discrimination en matière d'accès au logement»

 

Accéder à une citoyenneté active

La méthode, si elle n'est pas neuve, plante ses racines dans le quotidien souvent chahuté d'hommes et de femmes, jeunes ou adultes, qui ont comme dénominateur commun d'être mis dans un étau de réalités mondialisées qui, tout en les dépassant, n'en n'ont pas moins un impact sur leur vie. Mieux comprendre ces enjeux, pour leur apporter l'éclairage du vécu à travers les histoires digitales, c'est à la fois une démarche citoyenne mais aussi un acte de résistance. En invitant les participants à se pencher sur un moment significatif de leur histoire puis à la partager avec d'autres, il s'agit aussi de permettre d'accéder à une citoyenneté active: cela en renforçant leur capacité à raconter, questionner , analyser, débattre, défendre.

 

Mieux comprendre

Laurence Delperdange : «Chaque participant choisit tout d'abord un thème important pour lui. S'ensuit une phase d'apprentissage de l’outil informatique, la recherche d'images et d'extraits sonores. A partir d'un logiciel simple et gratuit de montage vidéo, les stagiaires découvrent comment construire un scénario et composer les commentaires qui accompagneront les photos et les dessins. Chaque histoire va permettre de mieux comprendre une situation de la vie quotidienne, de la vie sociale. Par exemple, la recherche d’un logement, d’un emploi, la débrouillardise au quotidien… » Parmi les perspectives du projet, la création d'une plate-forme compilant l'ensemble des productions et l'organisation d'un festival.

 

Tags : alphabétisation numérique - citoyenneté - éducation aux médias - égalité numérique

News plus anciennes