Le blog

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Les Smart Cities à l'épreuve de la citoyenneté numérique

La sixième édition du festival des arts électroniques organisé par le Bozar à Bruxelles du 14 au 30 septembre met à l'honneur l'Estonie, qui assure pour 6 mois la présidence du Conseil de l'Union Européenne. On pourra ainsi découvrir Demultiplexia, une pièce de cyberthéâtre, et The Archeology of the Screen, un panel de vidéos artistiques numériques. L'exposition de lancement de l'espace Bozar Lab, The Estonian Example, mettra également en lumière ce petit pays de 1,3 million d'habitant cité en exemple en matière de citoyenneté numérique.

 

Etat numérique

Si l'Estonie fait référence en matière d'Etat Numérique, c'est parce qu'elle a, dès son indépendance en 91, massivement investi dans l'e-gouvernement. En parallèle de la refonte complète de son système administratif et de la mise en place d'outils collaboratifs, la carte d'identité électronique multiservices a constitué un développement majeur à destination des citoyens. Lancée en 2002, elle donne accès à une série de services en ligne sécurisés. Couplée par la suite avec la signature électronique et un système d'identification mobile, elle permet aujourd'hui à tous les Estoniens de remplir leur déclaration fiscale, de valider en ligne des documents administratifs et fiscaux, d'acheter un ticket de tram ou une place de cinéma, de recevoir et transmettre de façon électronique des ordonances médicales, de voter ou de faire ses emplettes. En fait, cette carte électronique remplace bon nombre des cartes que nous utilisons : du permis de conduire à la carte bancaire en passant par les cartes de transport ou de services club. Aujourd'hui en Estonie, 98% des ordonnances médicales sont échangées de façon électronique et plus de 94 % des particuliers déclarent leurs impôts en ligne.

 

Favoriser la participation citoyenne

Fin 2014, l'Estonie a franchi une étape suivante en proposant aux non Estoniens le statut de e-Résident. Sans être estonien ni résident, ils peuvent acquérir une carte d'identité électronique pour accéder aux e-services estoniens. Pris sous cet angle, la citoyenneté numérique serait alors considérée comme la capacité à agir et à exister en tant que citoyen et à tirer parti des outils mis à disposition dans le cadre des différents plans d'action du numérique en cours. Eduquer à la citoyenneté numérique consisterait ainsi à aborder des thématiques comme l'identité numérique, les comportements citoyens en ligne. Il s'agirait aussi de faciliter l'appropriation des outils et la participation citoyenne aux différents projets d'animation numérique des territoires.

 

Risque de marginalisation

Bis repetitas : cela ne se fera pas sans une réflexion approfondie sur les moyens à mettre en place pour assurer l'inclusion numérique. Périne Brotcorne, chercheuse senior à la Fondation Travail-Université, qui mène avec le projet Idealic une enquête sur le sujet, pointe les dangers d'une logique d'une politique déconnectée des plus démunis qui pourrait à nouveau déboucher sur une nouvelle fracture numérique. « Une politique du tout au numérique », explique-t-elle dans le denier numéro de a revue Contraste des Equipes Populaires, « y compris dans notre vie quotidienne, risque d'amener à une reconfiguration des publics précaires et de la précarité. S'il n'y a pas une réflexion cohérente sur la stratégie d'une ville ou d'un pays sur les questions d'inclusion numérique et de son appropriation par les citoyens, ça restera toujours une frange bien précise de la population qui pourra se permettre de s'exprimer dans et en dehors du numérique sur des questions publiques. Ca risque même de marginaliser ceux qui ne s'en sentent pas capables. »

 

Le citoyen dans la Smart City

La digitalisation de l'ensemble des services comme celle mise en place en Estonie et comme celle programmée chez nous, pourrait bien pousser à l'isolement les publics précaires. Au moment où les projets de Smart Cities se multiplient, la question de l'appropriation par les citoyens, par tous les citoyens, de cette nouvelle dimension des territoires va de plus en plus se poser. Qui à quel moment est informé du projet, qui sera amené ou invité à y participer, à quelles conditions, avec quels objectifs ? Le 19 septembre prochain se tient à Marche en Famenne la deuxième édition du congrès-salon Smart City Wallonia, à destination des mandataires et des acteurs publics wallons. On suivra avec attention l'intervention de Juliette Picry (Ville de Mons), Tomaso Antonacci (Ville d'Aubange) et Nicolas Installé (Futurocité) sur la thémarique : « La participation citoyenne, quelle solution choisir? »

Tags : citoyenneté - territoire numérique - inclusion numérique

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Inclusion numérique : les EPN dans le comité de suivi de projet d'IDEALIC

Le projet de recherche IDEALIC est porté conjointement par la Fondation Travail-Université et par SMIT. Son propos est d'explorer de quelles manière des politiques et des initiatives en matière d'e-inclusion peuvent fournir des solutions face aux nouveaux mécanismes d'exclusion qui se mettent en place avec le « virage numérique ». Ce projet sur 4 ans prévoit une série de workshops dans les années 3 et 4, pour lesquels le réseau des EPN sera sollicité.

 

Contact avec les acteurs de terrain

Gérard Valenduc, professeur invité à l’UCL et à l’UNamur, directeur de recherche à la Fondation Travail-Université : « Eric Blanchart est dans le comité de suivi du projet, de même que Stephan Platteau pour la coordination bruxelloise CABAN et Laure Van Hoecke pour LINC en Flandre. Nous avons par ailleurs demandé au réseau Wallon des EPN d'alimenter le blog et l'agenda du site d'Idealic, et nous comptons bien sûr sur eux pour le travail prévu avec les acteurs de terrain. « 

 

Bilan des propositions existantes en matière d'inclusion numérique

Le budget alloué par la Politique Fédérale (Belspo, dans le cadre du volet « Digital Turn » de son programme Brain-Be) est d'environ 320.000 € pour chaque équipe de recherche, plus un petit complément pour SMIT pour la coordination. Gérard Valenduc : «On prévoit pour la première année une réévaluation approfondie de certains concepts dont nous pensons qu’ils sont en train de changer de nature, comme le concept d’inclusion numérique, d’exclusion numérique, leurs liens avec l’inclusion/exclusion sociale, la notion d’autonomie par rapport aux usages du numérique et l’évolution de cette notion tout au long du parcours de vie, la notion de compétences numériques. Nous allons également effectuer une analyse statistique secondaire des données belges de l’enquête Eurostat sur les usages des TIC par les individus et les ménages, de manière à aller au-delà des statistiques descriptives et à hiérarchiser les facteurs d’exclusion numérique. » Les chercheurs réaliseront également un bilan des propositions existantes en matière de politique d’e-inclusion au niveau national et régional, à ce stade, essentiellement à partir des travaux antérieurs de SMIT et FTU.

 

Réfléchir aux mécanismes d'exclusion

Les deux équipes de recherche vont également tenter de répondre à cette question : les institutions qui conçoivent des services numériques réfléchissent-elles anticipativement aux mécanismes d'exclusion numérique ? Et dans quelle mesure mettent-elles en œuvre des actions pour s'assurer que tous les citoyens peuvent utiliser leurs services numérisés de façon autonome ? Ces questions seront réalisées à travers 3 études de cas à réaliser auprès de service de mobilité, de service de santé et du portail Brussels.be

 

Tags : égalité numérique - agence conseil du numérique - fracture-numérique - inclusion numérique

La charte pour l'inclusion numérique et sociale a 10 ans

charteQue le temps passe vite. Tandis qu'on assiste au passage de la notion de fracture numérique à l'e-inclusion et qu'on appelle les EPN à embrasser les nouveaux défis de l'inclusion numérique, la charte européenne pour un « environnement d'e-learning socialement inclusif » fête ses 10 bougies. Juan Pedregosa, Responsable de projet ITD, en est un des initiateurs  : «C'était l'époque de l'Internet par modem. La fracture numérique était bien concrète. D'un côté, on trouvait ceux qui pouvaient se payer, très cher, un ordinateur, un modem et la note du téléphone. Et puis il y avait les autres. A qui il fallait donner les moyens d'accès à ces nouvelles formes d'apprentissage et de communication. Il fallait aussi que les formations (en ligne) ne soient pas-elles non plus- trop complexes, uniquement accessibles à des universitaires. Il s'agissait de mettre en place un nouveau modèle, l'e-learning social. »

Les problèmes sociaux doivent se régler de manière sociale
Pierre Carrolagi, coordinateur de projets au Greta en Velay et co-rédacteur de la charte : « Tout d'abord, il ne faut pas se leurrer sur la capacité des TIC à être la solution de tout. Ce n'est pas parce que l'on met à la disposition des citoyens le vote électronique qu'ils vont aller plus voter. Les problèmes sociaux doivent se régler de manière sociale. Ainsi, peut-on lire dans la charte, « Les pratiques sociales sont en interaction avec les techniques. Pour que tous les individus puissent s'intégrer dans la société de l'information, il faut commencer par résoudre les problèmes sociaux qui génèrent une exclusion du numérique. Nous ne sommes pas tous égaux face au fossé numérique : une personne formée et socialement insérée franchira plus facilement ce fossé qu'une personne exclue ayant d'autres besoins, prioritaires. »

Créer et maintenir du lien social
L'apprentissage a aussi un rôle social : « Les communautés apprenantes ne doivent pas être uniquement considérées comme un moyen d'améliorer l'apprentissage. Des groupes ou des réseaux peuvent produire de l'écrit public et étendre leurs horizons politiques, sociaux et culturels grâce à des logiciels qui permettent de créer et de maintenir du lien social (« social software »). Les communautés isolées ou minoritaires peuvent utiliser des outils numériques pour se faire connaître, les groupes dispersés (comme les migrants qui travaillent loin de chez eux) pour rester en contact et continuer à développer leur culture. Internet permet ainsi aux individus de prendre conscience de l'existence de l'exclusion sociale : c'est un moyen de la combattre. »

Le numérique comme outil d'intégration
En 2005, les experts chargés de l'évaluation des programmes européens de lutte contre la fracture numérique font un constat d'échec. Explication : l'Europe ne s'est pas posé la question de savoir en quoi l'usage des TIC pourrait favoriser l'inclusion sociale. C'est à ce moment que le terme inclusion numérique apparaît et que de nouvelles mesures politiques sont prises. Il n'est plus seulement question de lutter uniquement contre la fracture numérique mais de développer des mesures pour l'inclusion numérique et sociale. La conférence de Riga en Lettonie du 11 juin 2006 intitulée les TIC pour une société inclusive consacre une nouvelle orientation qui, explique Pascal Plantard «reconnaît le rôle important que jouent les TIC dans l'amélioration de la qualité de vie des citoyens, tant sur le plan personnel que professionnel : meilleur accès à l'emploi et à la formation, amélioration des connaissances, réduction des difficultés liées à la mobilité ou à l'éloignement. » En 2004, la charte anticipait cette dimension. 10 ans après, son contenu colle plus que jamais à l'actualité du moment.


Tags : charte - e-inclusion - fracture-numérique - inclusion numérique - inclusion sociale

Inclusion numérique : les acteurs de terrain sont épuisés !

C'est en cohésionoctobre 2010 que la Fondation Travail Université remettait ses conclusions pour la préparation de la deuxième phase du plan national de lutte contre la fracture numérique 2011-2015. Restée lettre morte faute de gouvernement, puis faute de volonté politique, le SPP intégration sociale a demandé à l'institut de recherche une actualisation de la photographie de la situation et des recommandations. Gérard Valenduc, Directeur de recherche : « «La problématique de l'accès à l'informatique et à Internet est passée au second plan. La fracture numérique en tant que telle s'est considérablement réduite : 80 % des ménages y ont accès, contre 50 % en 2005. Les besoins s'expriment plus en terme d'inclusion numérique. » C'est ce nouveau défi que des structures comme les EPN doivent aujourd'hui rencontrer.

Un épuisement des acteurs
Gérard Valenduc : « Or on constate, et cela vaut pour les trois régions du pays, un épuisement des acteurs de terrain face à des politiques de financement par projet qui ne permettent pas une stabilité de l'action. Les animateurs des EPN s'investissent dans un travail de fond qui est court-circuité par ces logiques de financement non structurel. Il y a un besoin de stabilité, d'autant que les EPN sont confrontés à une diversification de ses publics.» Des publics qui ne sont plus nécessairement « ignorants » d'Internet mais en attente d'aide, de conseil et d'accompagnement non seulement dans l'usage de l'outil numérique mais aussi dans des services comme la recherche d'un emploi ou d'un logement. »

Déficit de financement structurel
« On se trouve clairement devant un déficit de financement structurel. A Bruxelles, une coordination (CABAN) est en train de se mettre en place mais elle est en attente d'une reconnaissance politique. En Wallonie, les EPN sont à la recherche d'un second souffle, d'un financement plus stable et d'une reconnaissance professionnelle. Celle-ci est dans le tube depuis plusieurs années mais tarde à se concrétiser. Dans les mesures que nous avons remis au SPP, nous préconisons d'aider les EPN à relever les nouveaux défis de l'inclusion numérique, notamment au niveau des usages mobiles, en les soutenant financièrement et en organisant la transition vers de nouveaux services. » « Nous proposons aussi de mettre le numérique au service du lien social, notamment en l'inscrivant dans les plans communaux pluriannuels d'action sociale. Cela permettrait de mieux reconnaître le rôle des EPN dans la politique éducative, culturelle et sociale au niveau des communes et des quartiers. Il faut aussi ancrer le numérique dans les pratiques des décideurs publics. Les EPN sont souvent confrontés à une méconnaissance des potentialités du numérique de la part des autorités communales. »

Tags : CABAN - financement - FTU - inclusion numérique - SPP Intégration sociale - Valenduc

Colloque fracture numérique : lutter contre l'inégalité des usages (1)

senatEgalité d'accès aux nouvelles technologies, Internet social et citoyen, équité numérique, inclusion sociale : autant de thématiques abordées lors du traditionnel colloque fédéral consacré à la fracture numérique qui s'est tenu dans les locaux du Sénat ce vendredi 21 février dernier.

Olga Zyhren, sénatrice :«C'est la dernière fois que ce colloque a lieu sous cette forme et dans ces lieux. L'année prochaine, c'est un sénat rénové qui devra réfléchir aux dispositifs à mettre en place pour favoriser l'inclusion et l'équité numériques tout en luttant contre les poches d'exclusion. Le transfert de compétences prévue dans la sixième réforme de l'Etat peut nous donner une nouvelle marge de manoeuvre, notamment en effectuant des points de comparaison au niveau des différentes régions. On sait que les Espaces Publics Numériques fonctionnent de façon différente en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. A nous d'en tirer les leçons pour faire avancer nos objectifs»

L'ère des Makers
Et donc c'est un peu le moment des bilans, avant d'entamer une nouvelle page de la longue histoire des EPN. Pierre Lelong, Chef de projet du Pôle Ressources & Diffusion auprès de Technofutur TIC, centre de compétences wallon:«Voici une quinzaine d'années que nous sommes parti du principe que le numérique pouvait être un outil d'inclusion sociale et économique. La culture et les emplois numériques sont les enjeux de demain. De nouveaux mouvements vont dans ce sens. Ici et là, dans des régions désindustrialisées, des «Makers » partent de la technologie pour recréer du service communautaire. Les pouvoirs publics ont une réflexion à mener et un rôle majeur à jouer pour définir des espaces publics numériques communs. Il faut repenser le dispositif dans une logique transversale».

Des bibliothèques inclusives
Une transversalité qui peut se traduire par une logique de partenariat «augmentée » comme l'illustrent les deux exemples de politiques publiques d'inclusion numérique retenus lors du colloque. Bienvenue dans le monde des bibliothèques inclusives. Roseline Lemaire, Bibliothèque responsable - EPN Malmedia:«La bibliothèque est un pilier de la vie culturelle locale de Malmedy. Toute son infrastructure est traversée par le numérique. Notre plan stratégique inclut le développement des pratiques d'écriture et de lecture numériques. Avec le projet Hors Champ, nous sommes allés à la rencontre des jeunes dans les communes de Malmedy, Waimes et Vielsam. Non pas dans la bibliothèque, mais là où étaient, dans les cours de récré, les arrêts de bus. L'idée : surfer sur leur capacité à utiliser les nouveaux médias et définir avec eux leurs différents canaux de lecture. Pour nous, cela a été une révolution. Le projet a touché 1200 jeunes ! Fort de cette action, nous avons décidé d'élargir les publics en nous adressant à différentes catégories d'âge. Les projets sont foison : reportage photographique, roman photo, documents sonores,... Ils permettent aux participants de lire autrement le monde qui les entoure et de tisser de nouveaux liens sociaux. » L'EPN multiplie les partenariats. Avec l'ASBL de mouvement social des aînés Enéo ou avec le Musée où l'EPN organise des animations liées aux expositions.

Tags : égalité numérique - bibliothèque - Enéo - fracture-numérique - Hors Champs - inclusion numérique - Makers

Colloque fracture numérique : lutter contre l'inégalité des usages (2)

bibliothèqueLa bibliothèque de Huy déborde elle aussi d'initiatives. Michel Jadot, coordinateur EPN et bibliothécaire documentaliste : « Nous avons négocié pour l'ensemble des habitants de notre commune un accès gratuit à la plate-forme d'apprentissage Vodeclic. La seule exigence est de s'inscrire à la bibliothèque. La carte coûte 10EUR, elle est gratuite pour les moins de 18 ans. Cette année nous allons travailler au développement de WikiHuy, un Wiki citoyen que nous avons lancé l'année passée. Il est ouvert à tous les habitants, artistes et associations qui peuvent travailler à construire un auto-portrait numérique de la région. Nous organisons des wiki café au cours desquels les participants peuvent échanger sur des mises en commun de thématiques particulières, d'histoires régionales, de cartes postales. C'est une manière de remettre du lien social, de renforcer la cohésion sociale grâce au numérique. On a aussi une radio Web qui s'adresse plus spécifiquement aux jeunes. Nous voyons également de plus en plus des personnes en fracture sociale franchir le pas de notre porte. Les EPN ont de plus en plus un rôle de tissage de liens et de guichet conseil du numérique.»

Littératie numérique
Et donc voici à nouveau la question de la fracture numérique. C'est en ce sens que le SPP intégration sociale a demandé une mise à jour des propositions faites en 2010 par la FTU en collaboration avec Linc sur base de l'évaluation du plan 2005-2010 de lutte contre la fracture numérique. Qui s'en étonnera, les inégalités d'accès ont fondu. On les retrouve principalement dans les populations à très faibles revenus et formations. Aujourd'hui et tout en luttant contre ces poches d'exclusion numérique (et sociale), c'est à l'inégalité des usages qu'il faut, selon Gérard Valenduc, directeur de recherche à la Fondation Travail-Université, s'atteler. « On assiste à un élargissement de la notion d'alphabétisation numérique qu'on traduit en France par la notion de littératie numérique. En Flandre, on parle de culture critique des médias. On est loin de l'apprentissage de la souris et Windows. Il faut pouvoir s'inscrire dans la culture, outils et services en ligne. Avec en parallèle un épuisement des acteurs de terrains comme les EPN qui sont en quête d'un dispositif de financement plus simple et plus structurel et d'une reconnaissance salariale.

E-inclusion 2020

Le plan e-inclusion horizon 2020 doit se lire dans un contexte où le Fédéral aura un rôle de moins en moins important. Il s'agit d'un plan cadre où l'on sait bien qu'un grand nombre de mesures devront être gérés par les différents niveaux de pouvoir locaux. Il s'agit d'un plan cadre où l'on sait bien qu'un grand nombre de mesures devront être prises par les différents niveaux de pouvoirs publics locaux et régionaux. Nous avons pointé 6 grands objectifs, dont un soutien accru aux espaces publics numériques et la mise des technologies numériques au service du lien social.»

Tags : fracture-numérique - Gérard Valenduc - inclusion numérique - SPP Intégration sociale - Wiki

Les EPN, des guichets numériques pour des espaces citoyens tout public

image.pngC'est une des principales conclusions de la table ronde organisée le 14 novembre dernier sur l'évolution des missions des EPN. L'EPN est un espace citoyen « neutre », ouvert à tout public et pas seulement aux citoyens précarisés ou à la recherche d'un emploi. Créés au départ en tant que lieux d'accès pour réduire la fracture numérique, les EPN ne doivent pas être réduits au seul concept de local de formation informatique. Eric Blanchart : «Ce serait une erreur de réduire les EPN à de simples outils de « gestion » de la révolution Web. Il ne s'agit pas pour eux de promouvoir les techniques mais d'encourager les bonnes pratiques pour plus de bien être et d'insertion du citoyen, pour des accès à l'emploi plus facile, pour une culture numérique pour tous. »

Exit la fracture numérique
Pierre Lelong : « Il ne s'agit plus de parler de fracture numérique, mais bien de mettre à l'ordre du jour le concept d'inclusion en tant que processus permanent d'appropriation des techniques, donc sans curseur fixe entre les « inclus » et les « exclus ». De lieu d'accès, on devrait s'orienter vers des structures de services à dimension territoriale. Partant du concept de guichet, on pourrait imaginer leur déclinaison en fonction de la taille de l'EPN et du type d'activités qui y sont menées : centre de ressources numériques, information et conseil citoyen, formation des acteurs locaux, veille territoriale, support à destination des dispositifs EPN plus petits, conseil pour le tissu associatif. Il faut adosser à l'activité d'accès libre celle d'accompagnement et de soutien à la dynamique locale. Il faut donner à la formation une orientation usage et développer des logiques d'information.  On pourrait imaginer des « Super EPN » dotés de fonction de coordination et de remontée des besoins vers le centre de compétences de la Région wallonne. Reste à voir comment tout cela peut se financer. »

Guichets citoyens du numérique
Michel Jadot : «La fonction des EPN est trop floue aux yeux des citoyens. On croit que les EPN sont là pour assurer un accès gratuit à l'informatique et à Internet, mais on est équipé à la maison. Qu'ils sont là pour former, mais on est déjà formé. Ou du moins on croit qu'on l'est, mais on a plein de petits problèmes et on hésite à ouvrir la porte d'un EPN pour une simple question. On a peur d'embêter. Avec la notion du guichet, on sait qu'on peut passer la porte quand on le souhaite, que quelqu'un est là pour me répondre. Cela implique d'alimenter les EPN en supports et brochures d'information sur le numérique et de prévoir des soutiens financiers. A l'heure où l'on baigne dans le tout numérique, il me semble que l'enjeu en vaut la chandelle. Stéphane Ochendzam : « Cela me semble en effet un dispositif facile à mettre en place pour apporter et garantir des services à des citoyens qui sont confrontés en permanence avec des problématiques et des questions liées au numérique : sécurité, virus, protection des données, recherche critique de l'information, accès aux services en ligne, comparaison des offres des fournisseurs d'accès,...  Cela traverse différents champs et compétences : l'action sociale, l'égalité des chances, l'emploi, les télécommunications, l'économie, la sécurité des personnes, les pouvoirs publics locaux, régionaux, communautaires et fédéraux. Reste à voir comment orchestrer tout cela. »

Porteurs de projets et « mailleurs » de territoires
Eric Blanchart : « Il est aussi fondamental de rappeler que les EPN ne sont pas là pour encourager les techniques mais pour promouvoir les pratiques et les usages. Il faut se concentrer sur la valeur ajoutée des actions de formation, ne pas mettre l'outil abordé en évidence, mais ce à quoi il peut s'avérer utile dans le cadre d'un projet à l'échelle d'un citoyen ou d'un acteur local. » Michel Jadot : « Un EPN ne doit pas rester figé, il doit s'ouvrir aux autres, multiplier les projets et les partenariats. Nous devons être des acteurs d'animation des territoires numériques d'aujourd'hui et de demain. » Contre l'exclusion, pour l'inclusion, numérique et donc sociale, culturelle et économique.  C'est en guise de conclusion sur la nécessaire redéfinition des rôles des EPN le dernier volet d'importance : celui du maillage territorial.

Tags : guichet numérique - inclusion numérique - territoire numérique