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Framasoft veut "Dégoogliser" Internet

Des alternatives crédibles et libres à Gmail, Doodle, You Tube, Skype ou Facebook : c'est l'ambition du plan "Degooglisons Internet" de l'association française Framasoft. Il s'étend sur 3 ans et prévoit, à côté des services existants FramaPad (l'équivalent de Google Docs) et FramaDate (version libre de Doodle), d'ajouter un réseau social, un espace de stockage de documents et une messagerie libre en ligne. Et plus si affinités ! "L'année dernière", explique l'association sur son blog, "nous avons dégooglisé Framasoft. Comme monsieur et madame tout le monde, au fil des années, nous nous étions laissé séduire par la facilité immédiate des services proposés par la deuxième capitalisation boursière au monde. Nous avons montré qu'une structure aussi complexe que Framasoft peut se libérer de Google Groups, Analytics, ainsi que d'Adsense et les services embarqués, et ce grâce aux dons et participations bénévoles."

 

Les GAFAM omnivores

C'est qu'en quelques années, le géant de Mountain View est passé de simple moteur de recherche à un inventaire à la Prévert qui propose ici une suite bureautique, là un magasin d' applications ou un espace de stockage sur le Cloud. Sans compter la kyrielle de brevets sur les téléphones, l'électronique, la robotique ou les technologies du vivant. Et il n'est le seul. « Google n'est qu'une lettre des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) qui, avec Dropbox, Avaaz ou Twitter, ont réussi à rendre les internautes complètement dépendants de leurs services."

Services libres, éthiques, décentralisés et solidaires

Or des alternatives existent bel et bien. Aujourd'hui, l'ambition de Framasoft est non seulement de les faire connaître mais de prendre en charge le développement de services libres, éthiques, décentralisés et solidaires, sous la bannière du plan "Dégooglisons Internet" : "Nous allons améliorer nos services existants, tout en faisant perdurer nos projets-phares. Nous avons lancé officiellement le réseau social libre Framasphère pour qui souhaite se libérer de Facebook. Nous allons proposer un moteur de recherche, un service de raccourcissement d'URL, des catalogues d'ebooks libres, de l'hébergement d'images." Endéans les 3 ans, l'association compte proposer tout liste complète de services libres : stockage, Cloud, hébergement de fichiers, tube vidéo, listes de diffusion, micro-blogging et blogs.

 

S'attaquer à Gmail

Courant de cette année, Framasoft proposera Framatalk pour Skype et Framadrive pour Dropbox. En 2016, ce sera au tour de Scribd d'être visé avec Framaxxx (PDFy) ou encore Twitter avec Framatweet (Twister). Et en 2017, l'association devrait s'attaquer à de gros « poissons » comme Gmail avec Framamail (Caliop) ou encore Evernote avec Framanotes (Laverna). Pour ce faire, l'association lance un appel aux dons. L'objectif ? Pérenniser les 3 emplois permanents actuels (il lui manque 35 000 euros) avec l'ambition de passer à 5 permanents en 2016 (il lui faut 130.000 €) et 8 en 2017 (180 000 €).

 

2,27 secondes du CA de Google

Des montants tout à fait dérisoire par rapport à la force de frappe de Google : actuellement, le budget annuel de Framasoft représente 2,27 secondes du chiffre d'affaires annuel de Google. "Rien qu'avec cela, on accomplit déjà beaucoup. Des associations utilisent Framapad pour écrire leurs documents sans avoir à s'inscrire sur GoogleDocs. Des militants et syndicats ont compris que Framadate permet d'avoir un "Doodle" non intrusif. Des écoles initient en toute sécurité leurs élèves au dessin assisté par informatique. Ces projets existent grâce à des volontés bénévoles soutenues par une association qui leur donne les moyens d'éclore, de se développer et de perdurer. Nous avons besoin que des "geek-friendly" viennent grossir nos rangs et nous soutenir par leur argent, leur temps, leur partage des compétences."

Tags : Internet sans crainte - Logiciels Libres - Google

ReWics 2013 : les territoires à l'heure du numérique

REWiCS_RGB.jpgVoici déjà 13 ans qu'existent les Rencontres Wallonnes de l'Internet Citoyen. Cette nouvelle édition a été marquée par un renouvellement profond du concept, de l'animation et de l'organisation avec un repositionnement autour des Territoires Numériques innovants. « Mais qu'entend-on par Territoire Numérique et comment s'y prendre pour le rendre innovant ? » lance l'organisateur des ReWics, Pierre Lelong, au cours d'une table ronde de la matinale. « Si les territoires urbain et rural se définissent par la manière dont ils sont administrés, les territoires numériques sont organisés autour de communautés connectées. » A cette définition de Philippe Verstichel, spécialiste des dynamiques d'innovation et initiateur du Hackathon eGov Wallonia 2013, Philippe Cazeneuve, Consultant-Formateur en médiation et usages du numérique ajoute la notion d'identité. « Dans l'espace traditionnel, le territoire se fonde sur le patrimoine, sur la culture et sur la langue. Dans le territoire numérique, l'image se co-construit grâce à la participation de ses « habitants ».

Image numérique plus forte que la taille géographique
« Prenons le cas du Luxembourg » poursuit Bruno Schröder, directeur technologique de Microsoft BeLux, « dont l'image numérique est nettement plus importante que sa taille géographique grâce au gouvernement luxembourgeois qui a décidé en 2008 de jouer à fond la carte du développement numérique. » Il a ainsi créé les conditions de l'émergence d'une économie du digital, notamment grâce à 3 facteurs : « la généralisation du haut débit sur l'ensemble du territoire, une politique fiscale intéressante qui attire les entreprises et un accent fort mis sur l'identification et le développement des compétences numériques. »  « Ce dernier point est vraiment fondamental » poursuit Bruno Schröder. « Il est pris en compte dans des pays comme le Luxembourg, l'Allemagne ou l'Estonie. Hélas, en Belgique, on a souvent tendance à considérer que cela va venir tout seul. » Une gouvernance caduque dont les effets se font sentir au niveau de l'attrait des jeunes pour la filière TIC. « On compte seulement 3,5 % d'étudiants en informatique en Fédération Wallonie Bruxelles, pour 10 % en Allemagne et en Estonie. Autre chiffre inquiétant : pour la première fois, il n'y pas une seule étudiante dans les cours de première année en informatique aux Facultés de Namur, qui est pourtant une des universités historiques dans ce domaine ! »

Créer un biotope riche et connecté
S'il faut accentuer les dynamiques de formation, d'éducation, de sensibilisation et d'appropriation de ces nouveaux territoires, il faut aussi les fertiliser. Jean-Yves Huwaert, fondateur du Think et do tank Entreprise Globale : « L'Etat doit avoir un rôle proactif. Il doit jouer le rôle d'Enabler, à l'image d'un Google aux USA qui a décidé d'installer une ligne fibre d'1Go dans la ville de Kansas City. C'est un peu comme si on décidait de mettre en place du haut débit à Marcinelle. Il s'agit de créer les conditions pour accueillir des starts-up et devenir un berceau de l'innovation, une « Silicon prairie ». Il s'agit de dessiner le parterre, mettre l'engrais et les écorces et placer les clôtures pour empêcher les rongeurs de manger les racines des jeunes pousses. Si le biotope est approprié, riche et connecté, il n'en sera que plus florissant. »

Tags : Cazeneuve - eGov - Fédération Wallonie Bruxelles - Google - Huwaert - Lelong - Microsoft - Rewics 2013 - Schröder - starts-up - territoire numérique