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Les EPN au coeur de l'axe citoyen du plan du numérique  

Connectivité haut débit, cartographie des usages, soutien de l'innovation, couverture plus large du territoire wallon, socle commun de compétences numériques de base du citoyen : les Espaces Publics Numériques sont une des priorités du plan du numérique : leur rôle va être conforté et leurs missions renforcées. La première étape de ce redéploiement passe par la reconduction, en octobre dernier de la convention qui lie le centre de compétences de Technofutur TIC à l'accompagnement du dispositif des Espace Publics Numériques de Wallonie. Le point avec son coordinateur, Eric Blanchart.

 

Les EPN à nouveau accompagnés

En 2014, la convention soutenant le dispositif d'accompagnement des EPN n'a pas été renouvellée. Où en est-on aujourd'hui? Eric Blanchart : «Depuis, nous avons changé de tutelle et il a eu cette vaste consultation qu'on a appelé le printemps du numérique, qui a abouti au plan du numérique. Une convention de transition pour l'année 2015 a été signée en octobre et une convention pluri-annuelle devrait encadrer le dispositif à partir de l'année prochaine. Technofutur avait pris l'option de continuer l'animation sur fonds propres en attendant la redynamisation du dispositif : aujourd'hui, les EPN sont à nouveaux accompagnés. Et il est apparu au terme du travail dans les différents sous-groupes impliqués dans le printemps du numérique qu'ils figurent au cœur de l'axe citoyen du plan numérique.»

 

Un socle commune de compétences numériques

Pour quels projets ? Eric Blanchart : «La connectivité tout d'abord. Les EPN sont en demande de bande passante, tout comme les écoles et les bibliothèques. On estime en Fédération Wallonie Bruxelles que la bande passante minimum, pour une structure qui accueille du public, est de 30 Mo. Or un EPN sur trois ne dépasse pas les 3 Mo. Ils devraient être inclus dans le plan général de connectivité haut débit du plan pour des flux, en 2016, pouvant atteindre les 30 à 50 Mo. Dans ce but, nous allons identifier les freins techniques, géographiques ou hiérarchiques existant. Notre nouvelle tutelle nous demande également une cartographie des pratiques et des usages afin de travailler à définir, en collaboration avec les EPN, un socle de compétences numériques de base du citoyen, sachant qu'on brasse un très large public par de très nombreuses activités de sensibilisation, de formation et d'animation.»

 

75 nouveaux EPN

Eric Blanchart : «Il y a aussi une volonté d'élargir la couverture géographique du réseau des EPN. On compte aujourd'hui un peu plus de 150 espaces dans une centaine de communes. Idéalement, les 2/3 des communes wallonnes devraient pouvoir disposer d'un EPN dans les 2 années à venir, ce qui suppose la mise en place de 75 nouveaux espaces environ. C'est dans cet objectif qu'une étude d'aide à l'équipement est en cours. Mais les structures existantes ne devraient pas être oubliées. Les EPN prenant l'initiative de se labelliser devraient pouvoir avoir accès à ces incitants matériels, tandis que des appels à projet soutenant les actions innovantes seraient émis à destination des EPN déjà labellisés. Tout cela sera évoqué lors de la traditionnelle journée des EPN qui se tient à Namur au Palais des Congrès le 4 décembre prochain. »

Tags : agence conseil du numérique - e-inclusion - fracture-numérique - labellisation - réseaux des EPN

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EPN mobile de Jemeppe-Sur-Sambre : faire des citoyens des CRACS

Lisez des Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires : c'est avec cette ambition qu'est né l'Espace Public Numérique mobile de Jemeppe-sur-Sambre.

 

L'EPN, un outil de cohésion sociale

Tout est parti d'une étude de terrain réalisée dans le cadre du Plan de Cohésion Sociale. Jemeppe-Sur-Sambre, c'est une commune composée de 8 villages et une population de plus de 18.000 habitants qui connait un taux de chômage de 15,4 % (1300 demandeurs d'emploi). Or une recherche active d'emploi nécessite une consultation régulière des sites d'offres d'emploi. Il y avait bien 5 ordinateurs à la bibliothèque communale, mais celle-ci ne disposait d'un formateur. En outre, il n'est pas facile pour une personne qui ne dispose pas d'Internet de se rendre de façon régulière dans une maison de l'emploi située à Sambreville ou à Namur, a fortiori si elle ne maîtrise pas l'outil informatique. Katja Bragard - Cheffe du Plan de Cohésion Sociale : « L'offre étant inexistante sur notre commune, nous souhaitions fournir aux habitants de chaque village l'opportunité de s'initier à l'outil informatique ou de se perfectionner, voire d'accéder librement aux ordinateurs ou éventuellement profiter de la connexion Internet gratuite. Il s'agit d'un outil essentiel d'une part pour des demandeurs d'emplois qui se trouvent de plus en plus en situation de grande précarité mais également pour les seniors et l'ensemble de la population. « 

 

Modules spécifiques pour demandeur d'emploi

La formule de l'EPN mobile  ? Le PCS a financé l'engagement à temps plein de Joël Roy avec, en parallèle, l'achat de 10 portables et de deux routeurs wifi. L'EPN mobile a été équipé pour transporter les machines qui peuvent rapidement être installées dans des locaux ad hoc (salles communales, écoles,...) au sein des différents villages. L'EPN travaille maintenant à décliner ses formations en fonction des publics. Joël Roy, Animateur de l'EPN Mobile :« Chaque mois, un module spécifique destiné aux demandeurs d'emploi est mis en place. Notre objectif est d'avoir 10 à 15 personnes à chaque module. Nous souhaitons également proposer des modules d'initiation pour les seniors, qui représentent un peu plus de 20 % de la population. Des stages pourront également être réalisés pour les jeunes de 12 à 18 ans (création de blogs, sensibilisation aux dangers d'Internet,...) »

 

Regard critique sur le numérique

L'EPN a été lancé début juin, avec dès le départ le souci de l'appropriation des TIC par les publics. Au programme, des formations mais aussi des animations tout public comme « Le numérique dans ma vie » ou encore «Mon empreinte numérique». L'EPN joue également le rôle de conseil avec des sessions comme « Le comparateur de prix pour les télécommunications ou pour les fournisseurs d'énergie ou « La carte de Pointage électronique». Joël Roy : « Nous fonctionnons dans une logique d'éducation permanente, avec une volonté de développer l'autonomie informatique de nos usagers, avec un regard critique porté sur le numérique. Pour l'instant, nous touchons essentiellement les demandeurs d'emploi et les seniors, mais petit à petit, nous allons élargir nos propositions d'atelier à d'autres publics. Les commerçants et les artisans par exemple avec des propositions de modules de création de sites. L'avantage de l'EPN mobile est qu'il puisse aller au plus près des citoyens et des événements. C'est ainsi que l'EPN mobile sera présent à Sambre Plage qui a lieu cette année lors du week end des 25 et 26 juillet. »

 

Tags : alphabétisation numérique - Plan de cohésion sociale - citoyenneté - e-inclusion

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Un programme de formation pilote à destination des jeunes en décrochage (NEET's) coordonné par Technofutur TIC

C'est le jeudi 23 avril dernier, dans le cadre de la semaine numérique, que le désormais traditionnel colloque sur la fracture numérique s'est tenu au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Au programme de cette année, 3 thématiques : l'école numérique, le passeport TIC et l'intégration et l'inclusion des Neet's, ce dernier projet impliquant 4 EPN de Wallonie.

 

Parcours pilote d'insertion

L'expression vient d'Angleterre. Les Neet's (Not in education, Employment or training), ce sont ces jeunes, âgé de 15 à 24 ans, qui échappent à toute filière d'insertion et de formation. On estime à 30.000 en Wallonie ces jeunes en situation de désafiliation. Avec l'appui de la cellule Citizenship de Microsoft, Technofutur TIC lance à leur égard un projet pilote de parcours de formation articulé autour des TIC. L'objectif ? Que 4 EPN, ceux de Louvain-la-neuve, Boussu, Huy et Verviers, sensibilisent et redonnent confiance à 300 jeunes via une formation informatique.

 

Redonner confiance

C'est en 2012 que Microsoft a lancé un programme d'accompagnement de la jeunesse baptisé YouthSpark. Déployé en partenariat avec les pouvoirs publics et les tissus associatifs locaux, il a pour objectif, à travers une formation IT basée sur les outils de l'éditeur américain, de redonner confiance aux jeunes dans leur démarche de recherche d'emploi et/ou de formation. Microsoft a ainsi monté des projets de formation pour jeunes demandeurs d'emploi avec des organismes comme Bruxelles Formation, COF Belgique ou encore CDO Spoor 5 Mechelen. Après avoir pris contact dans le même sens avec le Forem, et plus spécifiquement avec Bernard Asbrouck, chercheur à l'ULB spécialisé dans cette question de la désappartenance et Conseiller Général au Forem, Bruno Schröder, le responsable belge du programme Youthspark, a pris langue avec Technofutur TIC pour un projet pilote de parcours de formation qui passera par les EPN. C'est une première, qui pourrait déboucher sur un plan plus vaste.

 

Des parcours de formation dans 4 EPN

Eric Blanchart, Chargé de mission EPN de Wallonie : "Dans le montage du projet, les EPN de Boussu, Huy, Louvain-la-neuve et Verviers ont été choisis pour le travail social qu'ils avaient déjà mené auprès des jeunes et pour les indicateurs régionaux qu'ils vont pouvoir fournir. Le but est de toucher 300 jeunes, 75 par EPN. Ils vont passer pour la prise de contact par des partenaires locaux comme les animateurs de rue, les SAS (Services d'Accrochage Scolaires), les CEFo ou les MIRE (Missions Régionales pour l'Emploi). Idéalement, il s'agit d'en intéresser 50 par structure à suivre un parcours de formation TIC. Sur ce groupe de 50 jeunes que chaque EPN va former, nous voudrions qu'au moins la moitié d'entre eux fasse l'entièreté du parcours. Donc, au terme du projet pilote, nous aurions une centaine de jeunes capables de se réintégrer dans une filière de formation. »  Si l'expérience aboutit et que les EPN s'avèrent constituer une bonne structure pour l'accueil et l'accompagnement des jeunes en décrochage, un appel à projet plus large pourrait être lancé l'année prochaine, dans un cadre européen.

 

Tags : alphabétisation numérique - e-inclusion - formations

La charte pour l'inclusion numérique et sociale a 10 ans

charteQue le temps passe vite. Tandis qu'on assiste au passage de la notion de fracture numérique à l'e-inclusion et qu'on appelle les EPN à embrasser les nouveaux défis de l'inclusion numérique, la charte européenne pour un « environnement d'e-learning socialement inclusif » fête ses 10 bougies. Juan Pedregosa, Responsable de projet ITD, en est un des initiateurs  : «C'était l'époque de l'Internet par modem. La fracture numérique était bien concrète. D'un côté, on trouvait ceux qui pouvaient se payer, très cher, un ordinateur, un modem et la note du téléphone. Et puis il y avait les autres. A qui il fallait donner les moyens d'accès à ces nouvelles formes d'apprentissage et de communication. Il fallait aussi que les formations (en ligne) ne soient pas-elles non plus- trop complexes, uniquement accessibles à des universitaires. Il s'agissait de mettre en place un nouveau modèle, l'e-learning social. »

Les problèmes sociaux doivent se régler de manière sociale
Pierre Carrolagi, coordinateur de projets au Greta en Velay et co-rédacteur de la charte : « Tout d'abord, il ne faut pas se leurrer sur la capacité des TIC à être la solution de tout. Ce n'est pas parce que l'on met à la disposition des citoyens le vote électronique qu'ils vont aller plus voter. Les problèmes sociaux doivent se régler de manière sociale. Ainsi, peut-on lire dans la charte, « Les pratiques sociales sont en interaction avec les techniques. Pour que tous les individus puissent s'intégrer dans la société de l'information, il faut commencer par résoudre les problèmes sociaux qui génèrent une exclusion du numérique. Nous ne sommes pas tous égaux face au fossé numérique : une personne formée et socialement insérée franchira plus facilement ce fossé qu'une personne exclue ayant d'autres besoins, prioritaires. »

Créer et maintenir du lien social
L'apprentissage a aussi un rôle social : « Les communautés apprenantes ne doivent pas être uniquement considérées comme un moyen d'améliorer l'apprentissage. Des groupes ou des réseaux peuvent produire de l'écrit public et étendre leurs horizons politiques, sociaux et culturels grâce à des logiciels qui permettent de créer et de maintenir du lien social (« social software »). Les communautés isolées ou minoritaires peuvent utiliser des outils numériques pour se faire connaître, les groupes dispersés (comme les migrants qui travaillent loin de chez eux) pour rester en contact et continuer à développer leur culture. Internet permet ainsi aux individus de prendre conscience de l'existence de l'exclusion sociale : c'est un moyen de la combattre. »

Le numérique comme outil d'intégration
En 2005, les experts chargés de l'évaluation des programmes européens de lutte contre la fracture numérique font un constat d'échec. Explication : l'Europe ne s'est pas posé la question de savoir en quoi l'usage des TIC pourrait favoriser l'inclusion sociale. C'est à ce moment que le terme inclusion numérique apparaît et que de nouvelles mesures politiques sont prises. Il n'est plus seulement question de lutter uniquement contre la fracture numérique mais de développer des mesures pour l'inclusion numérique et sociale. La conférence de Riga en Lettonie du 11 juin 2006 intitulée les TIC pour une société inclusive consacre une nouvelle orientation qui, explique Pascal Plantard «reconnaît le rôle important que jouent les TIC dans l'amélioration de la qualité de vie des citoyens, tant sur le plan personnel que professionnel : meilleur accès à l'emploi et à la formation, amélioration des connaissances, réduction des difficultés liées à la mobilité ou à l'éloignement. » En 2004, la charte anticipait cette dimension. 10 ans après, son contenu colle plus que jamais à l'actualité du moment.


Tags : charte - e-inclusion - fracture-numérique - inclusion numérique - inclusion sociale