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La mutation nécessaire du métier d'animateur d'EPN (Via le Pôle Numérique)

Logo des EPIAujourd'hui, le numérique s'impose dans toutes les sphères de la vie quotidienne et professionnelle et remet en question autant l'accès aux services publics qu'à la formation, l'égalité des chances face à l'éducation, l'accès à l'emploi, la culture. Le déploiement du numérique interroge notre société dans ses fondements. S'il peut être un formidable outil d'émancipation et de développement (personnel, économique, social) il doit être maitrisé dans ses aspects pratiques, mais aussi politiques, économique, philosophique... Notre société doit garantir à tous les citoyens les moyens d'une appropriation des connaissances suffisantes et une intégration dans cette nouvelle société de l'information avec pour objectif l'autonomie et le plein exercice de sa citoyenneté. Sans accompagnement, sans médiation, c'est toute une partie de la population qui risque d'être marginalisée.

Créé il y a une quinzaine d'années les Espaces Publics Numériques, avaient à l'origine pour mission d'apprendre aux usagers à se servir de l'outil informatique. Au fil des évolutions des pratiques, des usages et des services, le métier d'animateur multimédia à pris une toute autre dimension. Les animateurs d'EPN ne peuvent à eux seuls remplir ce rôle beaucoup trop large, il doit être partagé avec les acteurs de l'éducation, de la formation, de l'éducation populaire, les parents, ....

C'est donc pour réinterroger les missions et la place de chacun face à ces enjeux que se sont tenues les « Assises de la médiation numérique au service des territoires et de leurs habitants » les 19, 20 et 21 septembre à Ajaccio. Organisées par la Collectivité Territoriale de Corse en partenariat avec l'association Créatif, avec le soutien de partenaires publics (Délégation aux Usages de l'Internet,Ministère de la Culture et de la Communication, Secrétariat Général du Comité Interministériel des Villes, l'Union européenne, l'ADEC, ...), ces assises ont réunis plus de 170 participants, sur place ou à distance, issus d'horizons divers (formation, éducation, EPN, élus...).
Un livre blanc sera bientôt diffusé reprenant les travaux et réflexions menés autour des nouvelles orientations que doit prendre cette médiation numérique.
Retour sur quelques thématiques :

  • Culture, et patrimoine
    Si l'intégration des TIC dans les champs culturels est à intensifier, notamment autour de la construction d'un patrimoine culturel public, des actions de médiation sont plus que jamais nécessaires pour en démocratiser l'accès. Cette évolution nous renvoie au sens même de l'action culturelle et donc à notre identité.
  • Expression citoyenne
    Les outils numériques actuels permettent l'émergence de nouvelles formes d'expression, de co-construction et d'interaction entre les individus.
    La prise en compte de cette expression citoyenne dans les prises de décisions politiques, l'ouverture d'espaces d'initiatives, y associer l'ensemble des groupes sociaux, expérimenter la co-construction et la participation active des habitants est un changement culturel majeur souvent éloigné des pratiques actuelles des acteurs publics.
    Inversement, susciter chez le grand public l'intérêt pour la chose commune et orienter cette expression citoyenne vers une participation collaborative nécessite un accompagnement, un regard critique, une reconnaissance (légitimité identitaire, lien social).
  • e-administration, services publics, politiques publiques
    Un des objectifs de l'accès en ligne des services publics est la simplification des démarches administratives et l'évolution de la relation avec les citoyens. Pourtant ces nouveaux usages sont facteurs d'exclusion.
    La médiation numérique doit faciliter l'articulation entre services publiques, e-administration et citoyen pour construire une appropriation sur la durée par la valorisation de l'humain plutôt que de l'outil.
  • Innovation sociale : des nouvelles formes de travail aux nouvelles organisations collectives
    Les outils et usages du numérique font naître de nouveaux processus d'innovation sociale, de nouvelles formes de travail et des dynamiques collectives de projets.
    La médiation numérique doit être le trait d'union entre ces dynamiques d'innovation sociales et les territoires par une réflexion créative et transversale : création d'un langage commun, ouverture d'espaces de télétravail, de co-working, mise à disposition de ressources partagées...
  • E-inclusion
    Aujourd'hui, 30% des français ne sont ni équipés, ni connectés et n'ont jamais utilisé Internet. Dans notre société, toujours plus numérique, cette fracture liée à l'accès se double de la fracture liée à l'usage. Les médiateurs de l'accès public ont toute légitimité à oeuvrer pour éviter la marginalisation de cette population.
    Un rapprochement avec les acteurs locaux semble nécessaire pour toucher les publics les plus éloignés des TIC.
  • Actions éducatives et formation
    L'éducation et la formation au/avec le numérique ne sauraient se réduire à une seule dimension technique car les usages numérique impliquent un ensemble de compétences, aussi bien cognitives, sociales, juridiques, économiques que politiques.
    Cette montée en compétences collective doit être soutenue par les élus, les acteurs porteurs de médiations, qu'elles soient numériques ou non pour la construction d'une éthique des usages, la cohérence des politiques, la complémentarité des dispositifs et de l'action des différents acteurs de la formation et de l'éducation.
    La médiation numérique doit favoriser cette complémentarité et accompagner les politiques éducatives et de formations tout au long de la vie.

(Via un article du Blog du Pôle numérique avec leur aimable permission)


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